Allocution de Son Excellence l’Ambassadeur du Japon en France, Monsieur Masato KITERA, lors de la réception donnée à l’occasion de sa fin de mission, 28 novembre 2019

2019/11/29
Messieurs les Ministres,
Messieurs les Députés
Messieurs les Sénateurs,
Chers amis,
Chers invités,
Mesdames, Messieurs,
 
 
            Je voudrais tout d’abord vous remercier d’avoir accepté de venir si nombreux ce soir à l’occasion de mon départ prochain.
            Je suis arrivée en France il y a 3 ans et 7 mois, à un moment dramatique pour le pays, frappé par une série d’actes terroristes.  L’attentat de Nice ayant été commis à peine un mois après ma prise de fonction, j’ai tout de suite pris conscience de la priorité cruciale du renforcement du partenariat avec le gouvernement français pour la lutte contre le terrorisme et pour la sécurité des ressortissants japonais.  Je tiens à réitérer mon appréciation des efforts incessants des autorités concernées, et ma totale solidarité avec le peuple français.  Le Japon est et sera toujours aux côtés de la France.
 
            En me penchant sur le début de ma carrière, il y a plus de 40 ans, je me rappelle qu’en France on parlait du Japon pour évoquer des tensions commerciales.  Aujourd’hui, les relations entre nos deux pays sont extrêmement positives, à la fois diversifiées et solides, riches et apaisées, ce dont je me réjouis profondément. 
            Ainsi, la confiance entre nos deux dirigeants actuels s’est consolidée grâce à des échanges fréquents.  Lorsque Monsieur Shinzo Abe, le Premier ministre du Japon est venu en France en octobre 2018, il a expliqué longuement à son homologue français son analyse géopolitique concernant l’Asie notamment la Chine et la Corée du Nord, ainsi que l’importance de la coopération dans la zone indopacifique.  Le Président Monsieur Emmanuel Macron lui a répondu : « Shinzo, nous sommes à la même longueur d’onde ».  Étant donné que nos dirigeants ont préparé ensemble le G20 d’Osaka et le G7 de Biarritz, ses deux échéances se sont terminées avec un grand succès.
            La coopération en matière de défense se développe solidement, comme l’ont démontré la présence des Forces d’Autodéfense japonaises au défilé du 14 juillet l’an dernier, ainsi que l’entrée en vigueur de l’ACSA, l’accord de soutien logistique mutuel, cet été. 
 
            Le Japon et la France sont ainsi liés par un « partenariat d’exception », partageant les valeurs universelles, telles que la liberté et la démocratie.  Dans un monde où l’incertitude est si élevée, je souhaite du fond de mon cœur que nos deux pays soient des pôles de stabilité pour garantir la paix et la sécurité de la région indopacifique, ainsi que pour assumer les défis à l’échelle mondiale tel que le réchauffement climatique ou les inégalités.
            Notre coopération ne cesse de se diversifier, tant sur le plan économique que sur le plan politique ou culturel.  Le Japon est en effet devenu le premier investisseur asiatique en France.  Des partenariats nippo-français se sont développés dans différents domaines industriels tels que l’automobile, l’aéronautique, le nucléaire ou le numérique.  Au total, 510 entreprises japonaises sont installées en France où elles ont créé 82,000 emplois.  Leurs produits labellisés « Made in France », ont été adoptés par les français et ont contribué à renforcer la compétitivité et la capacité d’exportation de l’Hexagone.  Je suis tout particulièrement satisfait de constater que les entreprises japonaises ont réussi à établir la confiance avec français concernés et à s’intégrer dans les territoires locaux.
 
           Je ne peux finir mon discours sans mentionner « Japonismes 2018 : les âmes en résonance », l’événement culturel d’une envergure sans précédent qui a propagé toute la richesse de la culture et des arts nippons en France l’an dernier.  Pendant 8 mois, de nombreuses manifestations, soit au programme officiel soit au programme associé, ont enregistré plus de 3 millions 500 mille visiteurs.  
           De nombreuses œuvres et artistes de qualité exceptionnelle ont été présentées : allant du spectacle traditionnel comme le Gagaku impérial ou le Nô, Kyôgen, Kabuki, aux peintures de « Jakuchu » et le paravent « Dieux du vent et du tonnerre », qui ont été dévoilés pour la première fois en Europe. La participation de nombreuses collectivités locales japonaises a permis d’élargir la base des échanges aux cultures des territoires.  Les jeunes générations ont été également fascinées par les manifestations d’art contemporain utilisant les dernières technologies, comme « Team Lab » ou le concert de la chanteuse virtuelle « Hatsune Miku ».  Aussi, l’archéologie de l’époque Jomon, « Fukami », le Grand Matsuri au jardin d’Acclimatation, mise en scène de « Kafka sur le rivage » de Haruki Murakami… je m’arrête là.
            J’ose répéter ma formule préférée : Ce sont les Français qui comprennent le mieux la culture japonaise et ce sont les Japonais qui comprennent le mieux la culture française!  « Japonismes 2018 » a été un succès magnifique grâce au public français, grand amateur et connaisseur de la culture du Japon. C’est pourquoi je tiens à remercier tous ceux qui ont participé aux manifestations.  Mais je tiens aussi à remercier, mille fois, tous les partenaires, japonais et français, de ces événements pour leurs infatigables efforts.  Je suis convaincu que les âmes de nos deux peuples sont réellement entrées en résonnance.
 
            Grâce au grand succès de Japonismes 2018, commémorant le 160ème anniversaire de notre amitié, nos relations ont franchi une nouvelle étape. La Coupe du Monde du Rugby vient de se clôturer au Japon. Les téléspectateurs français ont été captivés non seulement par les matches mais aussi par les reportages qui leur ont fait connaître la vie nipponne en dehors des Stades. Bientôt, le Japon doit passer à la France le relais pour le Rugby mais aussi pour les jeux Olympiques et Paralympiques.  Par ailleurs, « La Saison de la France au Japon » en 2021 approche.  Il ne faut pas oublier l’Exposition universelle d’Osaka-Kansai en 2025, qui sera une nouvelle occasion de partage. Ne doutons pas que les échanges entre nos deux peuples bénéficieront de toutes ces rencontres.
 
             Pour conclure, j’aimerais vous rappeler que, lors de son dernier voyage à l’étranger comme Prince héritier impérial l’an dernier, Sa Majesté l’Empereur du Japon a exprimé le fait qu’il était très impressionné par les liens d’amitié très solides de nos deux pays, patiemment tissés comme le fil de la soie, au cours de leur longue histoire commune.  En tant qu’Ambassadeur du Japon en France, je voudrais rendre hommage et faire part de mon respect à l’égard de tous ceux qui nous ont précédés et qui ont déployé des efforts inlassables pour le développement de notre histoire commune. Et au-delà, je suis convaincu que l’essor considérable que connaissent nos échanges est loin d’être terminé et que la magnifique tapisserie que forment l’amitié et la confiance entre nous peut se développer encore, se resserrer et se densifier davantage, durant le siècle présent, grâce à votre précieuse et surtout constante participation. Si j’ai pu assumer pendant 3 ans et sept mois les fonctions de l’Ambassadeur du Japon en France, c’est grâce à vous, grâce à chacun de vous!  Je vous applaudis très fort!
             Je vous exprime ma profonde reconnaissance pour m’avoir donné l’opportunité de travailler avec vous, chers amis, au moment où les relations nippo-françaises sont si radieuses.
             Avant de terminer, je voudrais vous demander d’excuser l’absence de ma femme, Yuko.  Pour des raisons de santé, elle a dû partir toute seule avant moi.  Je tiens à le dire devant vous, ma reconnaissance envers Yuko pour son soutien dévoué notamment pendant les 7 ans où j’ai assumé les fonctions d’Ambassadeur à Pékin puis ici à Paris. Je remercie toutes celles et tous ceux qui ont bien voulu nouer des liens forts d’amitié avec Yuko.
            Je termine en présentant mes vœux les meilleurs pour votre santé et votre bonheur à tous, ainsi que pour la prospérité du Japon et de la France et pour notre amitié éternelle.
 
            Vive le Japon, vive la France !