Discours de politique générale du Premier ministre KISHIDA Fumio à l'occasion de la 210e session parlementaire
2022/10/3
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Introduction
Situation politique
Politique économique
Lutte contre la hausse des prix et le yen faible
Revalorisation salariale d’ordre structurel
Réformes et investissements en faveur de la croissance
Pandémie de la COVID-19
Prévention des risques naturels
Réalisation d’une société inclusive
Mesures économiques
Diplomatie / Sécurité et défense
Système électoral / Constitution
Conclusion
Introduction
À l’ouverture de la 210e session parlementaire de la Diète, je renouvèle ma détermination pour à la fois protéger le Japon et ouvrir la voie à un nouvel avenir.
Je consacrerai toute mon énergie à lutter contre l’actuelle hausse des prix et ferai en sorte de relancer l’économie japonaise.En déployant une diplomatie à plusieurs niveaux et en renforçant drastiquement nos capacités de défense, nous montrons notre résolution à préserver la paix et la stabilité en Asie comme dans le reste du monde.
La hausse des prix dans le monde. Les brusques tensions que connait l’environnement stratégique et sécuritaire.
La crise épidémique qui met le monde à rude épreuve depuis plus de deux ans et demi, la crise énergétique et alimentaire, la crise climatique induite par le réchauffement.
Un contexte qui demeure tendu depuis plus de six mois du fait de l’agression russe contre l’Ukraine.
Les provocations géopolitiques qui mettent à mal l’ordre mondial. Le régime de la non-prolifération nucléaire qui est à la veille d’une importante évolution.
Aujourd’hui, le Japon est confronté à une situation qui peut être qualifiée de crise nationale.
Pour surmonter la crise historique à laquelle le monde et le Japon doivent faire face et inaugurer un nouvel avenir pour notre pays, nous mettrons en place les unes après les autres nos politiques de manière volontaire et déterminée.
Quelles que soient les difficultés qui nous attendent, nous parviendrons à les surmonter si nous unissons nos forces et progressons pas à pas.
Ce sentiment s’est trouvé renforcé quand je me suis rendu il y a quelques semaines dans le département de Fukushima.
Le retour des habitants dans les zones où un tel retour était considéré comme compliqué sur le long terme.
La levée des restrictions aux importations dans 43 pays et territoires, sur un total de 55.
La création de l’Institut de Fukushima pour la Recherche, l’Enseignement et l’innovation (Fukushima Institute for Research, Education and Innovation, ou F-REI), destiné à devenir un centre de création d’emplois.
Les agents municipaux qui m’ont exposé leurs grandes attentes dans la reconstruction [de la région du Tohoku].
Les jeunes néo-résidents qui m’ont déclaré « vouloir faire de Fukushima une région pleine de perspectives ».
Grâce aux efforts de nombreuses personnes, Fukushima poursuit avec constance son chemin vers la reconstruction.
La ville de Fukushima a ainsi pu se relever de la crise sans précédent qu’ a représenté le Grand tremblement de terre de l’Est du Japon.
Et c’est parce que cela a été possible, que je suis absolument convaincu que nous viendrons à bout de la crise nationale que nous connaissons actuellement.
C’est ensemble que nous parcourrons le chemin qui conduira le Japon vers son avenir.
Situation politique
Les funérailles nationales organisées la semaine dernière en mémoire de feu l’ancien Premier ministre ABE se sont déroulées dans une atmosphère solennelle et chargée en émotions. Nous avons ainsi pu répondre aux hommages des nombreuses personnalités étrangères présentes avec civilité et dans le respect des convenances. Je tiendrais pleinement compte des remarques exprimées à cette occasion par nombre de nos concitoyens, afin de pouvoir en faire bon usage à l’avenir.
Concernant la question des liens avec l’Église de l’Unification, je prêterai une oreille attentive aux voix de nos concitoyens et, tout en assumant les responsabilités qui m’incombent, continuerais de prendre toutes les mesures nécessaires pour rétablir leur confiance.
Fort des propositions qui lui ont été présentées, mon Gouvernement a mis en place un guichet unique pour apporter toute l’aide possible aux victimes de pratiques commerciales abusives ou de donations frauduleuses, grâce notamment au développement et au renforcement des structures de soutien proposées par des juristes, et étudie une modification de certaines réglementations comme celle relative aux contrats de consommation.
Je promets aussi d’écouter attentivement, en toute sincérité et avec humilité les avis sévères exprimés par la population. Je ferais tout mon possible pour répondre aux obligations qu’imposent la fonction de Premier ministre, tout en gardant à l’esprit cette résolution de la première heure d’« écouter les opinions même sévères », qui constitue le fondement de ma conviction politique.
Politique économique
La relance de l’économie japonaise est une question prioritaire.
Le Japon sort de la pandémie de la COVID-19 et poursuit le retour à la normale de son activité socio-économique. Toutefois, l’actuelle hausse des prix alimentaires et de l’énergie provoquée par l’agression russe contre l’Ukraine et la chute du yen ainsi que les craintes d’une récession à l’échelle mondiale représentent pour l’économie japonaise des facteurs de risque sérieux.
Sous la bannière du « nouveau capitalisme », je concentrerai mon action sur les trois éléments suivants : lutte contre la hausse des prix et le yen faible, revalorisation salariale d’ordre structurel et réformes et investissements en faveur de la croissance.
Lutte contre la hausse des prix et le yen faible
Tout d’abord, la lutte contre la hausse des prix et le yen faible.
Face à l’augmentation continue des prix des produits de notre quotidien, nous avons mis en place une réponse ajustée.
J’ai ainsi arrêté le mois dernier des mesures supplémentaires pour limiter l’augmentation des prix des produits alimentaires et de l’essence. Nous avons notamment mis en place une aide d’urgence destinée aux ménages à faible revenu qui sont durement impactés au quotidien.
Sans plus attendre, j’élaborerai dans le courant du mois un ensemble de mesures économiques et protégerai coûte que coûte de l’inflation le quotidien de nos concitoyens et l’activité professionnelle.
Concernant les produits alimentaires, nous avons d’ores et déjà pris des mesures pour continuer de bloquer après le mois d’octobre l’augmentation des coûts du blé d’importation et des aliments composés.
Un des dossiers importants que nous aurons à traiter d’ici le printemps prochain est le risque d’une brusque hausse des prix de l’électricité. Nous adopterons une approche résolue et unique, qui agira directement pour atténuer la majoration des factures d’électricité des ménages et des professionnels.
En matière d’énergie et de produits alimentaires, nous œuvrerons à modifier notre structure économique afin de la rendre plus résistante face aux crises : assurance d’un approvisionnement énergétique stable, promotion de la valorisation et de la réduction énergétiques, garantie de la sécurité alimentaire par le biais de la production agroalimentaire nationale.
Face à la faiblesse du cours du yen, nous associerons à ces mesures l’impulsion de réponses politiques efficaces qui bénéficient à nos concitoyens en maximisant l’avantage d’une devise faible.
À partir du 11 octobre, nous relancerons le tourisme récepteur avec la reprise des déplacements sans visa et des voyages personnels, avec l’objectif que la consommation annuelle des touristes étrangers au Japon dépasse les 5 000 milliards JPY (env. 34,8 milliards € ). Nous relancerons également les aides aux voyages à l’intérieur du pays ainsi que les subventions aux activités évènementielles, dans le but de rétablir la demande post-COVID-19 et de revitaliser les régions.
Enfin, nous poursuivrons la résilience de notre structure économique au moyen des avantages que représentent un yen faible. Nous travaillerons notamment à l’implantation d’usines de semi-conducteurs et de batteries de stockage d’énergie, à la relocalisation industrielle au Japon ou encore au développement des exportations de produits issus de l’agriculture, de la sylviculture et de la pêche.
Revalorisation salariale d'ordre structurel
Passons maintenant à la revalorisation salariale d’ordre structurel.
Pourquoi depuis de nombreuses années le Japon n’a procédé à aucune revalorisation salariale importante ?
Le problème est d’ordre structurel et réside dans l’incapacité de produire un cercle vertueux qui verrait une revalorisation salariale attirer des personnels hautement qualifiés, une amélioration de la productivité industrielle, entraînant ainsi une nouvelle hausse des salaires.
Une fois un tel cercle vertueux enclenché, l’investissement dans le « capital humain » progresse, ce qui accélère à son tour ce cercle le développement.
Dans ce but, nous poursuivrons une réforme complète des trois dossiers que sont la revalorisation salariale, la facilitation de la mobilité professionnelle et l’investissement dans le « capital humain ».
Alors que les prix continuent d’augmenter et que la question de la revalorisation salariale devient cruciale, le moment est venu de s’attaquer de front et sans attendre à ces grands dossiers pérennes avec pour objectif la réalisation d’une revalorisation salariale d’ordre structurel.
Nous commencerons en nous attachant à mettre en place une revalorisation salariale indexée sur l’inflation en collaboration avec les secteurs public et privé.
Pour ce qui est des tarifs encadrés, nous souhaitons notamment mettre en place des améliorations qui tiennent compte de l’évolution des salaires du secteur privé et sont conformes au système en vigueur. Dans le même temps, nous faisons en sorte d’améliorer l’efficacité professionnelle et de réduire la charge de travail des employés sur leur lieu de travail, en commençant par les services de soins, les services d’aide à la personne et la puériculture, par le biais du contrôle visuel.
Concernant également la requalification (reskilling), autrement dit la mise en place d’aides en faveur de l’acquisition de nouvelles compétences permettant la mobilité professionnelle vers des secteurs porteurs, ou encore le passage d’une rémunération basée sur l’ancienneté à une rémunération au mérite qui correspond plus à la réalité du Japon, nous établirons d’ici juin 2023 des lignes directrices destinées à faciliter la mobilité professionnelle inter-entreprises et intersectorielle.
Nous renforcerons notamment les aides publiques relatives à la requalification personnelle en élargissant le package des mesures en faveur des investissements dans le « capital humain » au « 1000 milliards de yens sur 5 ans ».
En parallèle, nous veillerons au strict respect du principe « A travail égal, salaire égal ».
Afin de répondre aux nouveaux modes de travail, nous travaillerons également à une législation qui permette à chacun de bénéficier d’un environnement où il peut travailler en freelance en toute sérénité.
Enfin, sur la revalorisation salariale dans les PME, nous mobiliserons nos forces pour œuvrer sur les prix de transfert tout en améliorant la productivité industrielle et en renforçant les compétences d’organismes tels que la Commission du commerce équitable.
Réformes et investissements en faveur de la croissance
Ensuite, les réformes et les investissements en faveur de la croissance.
Faire des thématiques sociétales un moteur de croissance et réaliser ainsi une croissance durable. Fort de cette approche, nous accélèrerons le flux des investissements public-privé en nous concentrant sur les quatre domaines suivants : la science, la technologie et l’innovation (STI), les startups, la transformation digitale (DX) et la transition vers une énergie propre (GX).
Concernant tout d’abord le STI, nous donnerons corps le plus rapidement possible à des mesures destinées à développer encore davantage les investissements public – privé dans les domaines relevant d’un programme de stratégie et d’objectif national : technologies quantiques, intelligence artificielle (IA), biotechnologies, etc.
Ensuite, nous ferons en sorte de faire avancer la réorganisation des universités et des autres établissements d’enseignement supérieur pour les sortir du seul cadre académique et les pousser vers les secteurs porteurs, de renforcer les aides destinées à la formation des jeunes chercheurs et d’améliorer la qualité de l’enseignement à travers une révision du traitement des personnels de l’éducation.
Deuxièmement, les startups. J’ai moi-même parcouru l’ensemble du Japon pour échanger avec de nombreux fondateurs et fondatrices de startups.
Biofabrication de pointe utilisant des technologies propres au Japon. Résolution de thématiques régionales au moyen des technologies de l’information (TI). Développement dynamique d’entreprises en Asie du Sud-Est. Développement de technologies de téléopération de robots dans la région de Fukushima.
Toutes les personnes que j’ai rencontrées se sont révélées pleines de promesses et aptes à ouvrir de nouveaux horizons à notre pays.
C’est parmi ces challengeurs qu’apparaîtra un deuxième voire un troisième Toyota, Honda ou Sony. Face à ces volontés fortes, je fais de l’année 2022 la première année de « l’ère startup » et développe un plan quinquennal dans l’optique de décupler leur nombre dans les cinq prochaines années.
En plus d’un développement drastique des traitements préférentiels en terme de marchés publics, des avantages fiscaux et des aides financières, nous continuerons également d’investir dans la formation des startupers, à travers notamment la découverte de talents et la formation de jeunes et talentueux ingénieurs en Technologie de l’Information (TI) ou encore en associant l’écosystème startup japonais avec ceux des autres pays.
Troisièmement, la transition verte et les investissements en faveur de la transition vers une énergie propre (GX).
D’ici la fin de l’année, nous accélèrerons le processus d’étude d’une feuille de route pour le développement de la transition vers une énergie propre (GX), qui représentera un changement majeur au niveau économique, social et industriel.
Ce volet englobe la tarification du carbone à vocation de croissance, des aides financières audacieuses pour un cadre réglementaire intégré unique, la finance verte (transition finance) et le concept de « Communauté d’Asie à zéro émission ».Nous ferons le nécessaire et travaillerons pour la mise en œuvre concrète de ces initiatives politiques susmentionnées.
Dans le même temps, la garantie d’un approvisionnement énergétique stable –que présuppose la transition vers une énergie propre (GX) – implique que nous attaquions de front la question du nucléaire civil, compte tenu de la crise énergétique générée par l’agression russe.
Dans ce but, j’ai donné des consignes pour accélérer d’ici la fin de l’année les débats d’experts concernant la relance d’une dizaine de réacteur nucléaires, ainsi que le développement et la construction d’une nouvelle génération de réacteurs innovants et comprenant de nouveaux systèmes de sécurité.
Quatrièmement, la transformation digitale et les investissements en sa faveur.
Nous avons organisé le « Summer Digi-den Koshien », qui met en compétition les initiatives destinées à la réalisation du concept d’une nation de cités-jardins connectées (Vision for a Digital Garden City Nation).
Bénéficiant de la présence de nombreux participants, cette compétition a permis de mesurer le niveau des attentes concernant le rôle du numérique dans les efforts pour la revitalisation régionale.
En vue d’inciter davantage la transformation digitale (DX), nous imprimerons une rapide amélioration de la praticité du système d’identification « My Number » en le couplant notamment avec l’attestation d’assurance maladie et, tout en accélérant les mesures destinées à l’étendre à l’ensemble de la population, nous apporterons une aide centrée sur l’implémentation sociale des technologies numériques dans les différentes régions du pays.
Nous continuons également de travailler à étendre l’utilisation du métavers et du Web 3.0 soutenu par les tokens non fongibles (NFTs).
Les semi-conducteurs, qu’on qualifie de « riz du monde industriel », sont un secteur où nous nous investirons tout particulièrement, car ils ont un impact économique important. Ce secteur est susceptible de contribuer à la création d’emplois et constituent un fondement de la sécurité et de la sûreté économiques.
Selon les estimations, l’usine de semi-conducteurs que le groupe TSMC implantera dans le département de Kumamoto engendrera sur dix ans plus de 40 000 milliards de yens de retombée économique et créera plus de 7 000 emplois.
Nous concentrerons donc les investissements public et privé dans ce secteur, qui nécessiterait un apport de 10 000 milliards de yens sur dix ans rien qu’au Japon.
Nous continuerons de renforcer le développement des technologies de pointe, comme le développement technologique et la production en série du projet –phare nippo-américain de semi-conducteur de nouvelle génération ou la R&D au sein du programme Beyond 5G.
Nous procèderons également à la réforme de la réglementation. En deux ans, nous supprimerons la réglementation analogique, ce qui permettra la création de nouveaux domaines d’activité, contribuera à résoudre le problème du manque de main-d’œuvre et entrainera une amélioration de la productivité, ainsi qu’une croissance du revenu.
Pandémie de la COVID-19
Je vais maintenant aborder la question de la lutte contre la COVID-19.
Cette année , nous avons mobilisé toute notre énergie pour protéger à la fois la vie et la santé de nos concitoyens et faire en sorte de ne pas bloquer les activités socio-économiques, en écoutant les conseils d’experts.
Pour la première fois depuis 3 ans, nous avons pu passer un été sans avoir besoin de restreindre les déplacements en recourant notamment à l’état d’urgence sanitaire. Cela a été rendu possible par la stricte application par chacun de nos concitoyens des principes de base pour lutter contre les risques d’infection.
Alors que les risques de contamination sont toujours d’actualité, je présente mes profonds remerciements à toutes les personnes qui contribuent sur place au maintien des services de soins et de santé.
À mesure que l’automne avance, nous devons nous préparer à une épidémie simultanée de grippe saisonnière et de la COVID-19.
Mais le plus important reste la prévention par la vaccination.
Depuis le mois dernier, nous avons démarré les vaccinations avec un nouveau vaccin ciblant le variant Omicron. Et d’ici la fin du mois, nous aurons importé suffisamment de doses vaccinales pour l’ensemble des personnes éligibles.
En prévision des fêtes de fin d’année, nous accélèrerons la campagne vaccinale durant la période critique qui s’étend d’octobre à la fin de novembre en mettant en place une organisation permettant de vacciner plus d’un million de personnes quotidiennement : distribution de bons de vaccination, installation de centres de vaccination, etc.
Nous assurerons également la sécurisation des systèmes de soins et de santé, dont les soins ambulatoires, dans le cas d’une épidémie simultanée de Covid-19 et de grippe saisonnière.
En outre, j’ai présenté le mois dernier un aperçu complet de la transition vers une nouvelle étape dans notre stratégie baptisée « With COVID ». Sur la base des connaissances scientifiques, nous travaillons à redonner le plus de normalité possible aux activités socio-économiques.
Concernant les masques de protection, sur le principe ils ne sont toujours pas nécessaires en extérieur, dans la mesure où l’on ne discute pas près de son interlocuteur. Je souhaite que les gens veillent à porter le masque de manière appropriée en fonction de la situation, tout en continuant de respecter les principes de base pour se prémunir des risques d’infection.
En plus de ces mesures, je présenterai des amendements, notamment au sujet de la Loi sur le contrôle des maladies infectieuses, afin de nous préparer aux prochains risques épidémiques et de permettre une réponse juridique, souple et efficace en cas d’urgence. De même, nous travaillerons à renforcer nos capacités de gestion et de conduite des opérations, ainsi qu’à créer une version japonaise du Centre américain de contrôle et de prévention des maladies (CDC).
Prévention des risques naturels
Cette année encore, des catastrophes naturelles (pluies diluviennes, typhons, séismes, éruptions volcaniques, etc.) se sont succédées sur tout le territoire. J’ai une pensée pour toutes les victimes de ces catastrophes et souhaite le rétablissement de toutes les personnes sinistrées.
Face à l’augmentation et l’intensification des évènements naturels tels que les orages violents résultants de train d’échos (training thunderstorms), il nous incombe de protéger la vie et les biens de nos concitoyens, et de réduire ne serait-ce que d’une seule le nombre des victimes de ses phénomènes.
Tout en poursuivant le Plan d’action quinquennal pour accélérer la résilience nationale en matière de lutte et de prévention des catastrophes naturelles, nous établirons des mesures supplémentaires avec un nouveau programme de base, afin d’œuvrer sur le moyen et le long terme à assurer de manière pérenne la résilience du Japon en matière de prévention et de réduction des catastrophes naturelles.
Réalisation d'une société inclusive
Par ailleurs, les fondements du nouveau capitalisme sous-tendent une société diversifiée, dans laquelle chacun peut trouver un sens à sa vie : les hommes comme les femmes, les jeunes comme les seniors, les personnes valides comme celles souffrant d’un handicap.
Tout en poursuivant l’établissement d’une sécurité sociale sur un modèle pluri-générationnel et en renforçant les aides pour lutter contre la baisse de la natalité ainsi que les aides parentales et celles en faveur des jeunes générations, nous œuvrons à l’instauration d’une société inclusive qui favorise notamment l’activité des femmes et la lutte contre la solitude et l’isolement des personnes.
Après l’affaire de Fukuoka de l’année dernière, un tragique accident s’est de nouveau produit à Shizuoka, où une petite fille est décédée après avoir été laissée seule dans un bus scolaire. Pour que de telles tragédies ne se renouvellent plus, nous mettrons en place un programme d’urgence comprenant l’obligation d’installer des systèmes de sécurité dans les bus scolaires et des actions de soutien.
Mesures économiques
Afin de répondre au nombreux dossiers qui s’empilent, à commencer par la relance de l’économie japonaise et la pandémie de la COVID-19 que je viens de vous présenter, j’ai lancé il y a quelques jours l’élaboration d’un package de mesures économiques. Nous en réunirons les composantes dans le courant du mois et, en fonction de leur contenu, je soumettrai à cette assemblée un budget révisé.
Nous ferons notre maximum pour protéger le quotidien de nos concitoyens et inaugurer un nouvel avenir pour notre nation.
Diplomatie / Sécurité et défense
Plus de six mois se sont écoulés depuis le déclenchement de l’agression russe contre l’Ukraine.
La soi-disante « incorporation » [des quatre régions de l’Ukraine] et le lancement d’une mobilisation partielle font craindre que la situation n’entre dans une nouvelle phase.
Les actions violentes de la Russie ébranlent les fondements de l’ordre international. Nous continuerons d’imposer des sanctions à l’encontre de la Russie et de fournir des aides pour l’Ukraine. De même, en tant que seul pays asiatique membre du G7, le Japon multipliera ses efforts pour collaborer avec des pays comme l’Inde ou les pays d’Asie du Sud-Est, d’Afrique et d’Amérique latine au maintien ainsi qu’au renforcement d’un ordre international fondé sur l’État de droit.
Ma vive inquiétude que « l’Ukraine puisse être l’Asie de l’Est de demain » m’a amené à multiplier mon rejet des tentatives unilatérales de modifier le statu quo par la force, et ce dans quelque région du monde que ce soit.
Alors que la situation sécuritaire autour du Japon connait également un rapide accroissement des tensions, y compris en mers de Chine orientale et méridionale, ma mission première est de renforcer nos capacités de dissuasion et de réponse pour assurer résolument la défense de notre espace terrestre, maritime et aérien.
Dans cette optique, nous étudierons en détail les éléments de notre défense nécessaires à un renforcement drastique de nos capacités de défense durant les cinq prochaines années. J’impulserai donc une appréhension du budget et la mise à disposition des ressources nécessaires, qui seront traitées de manière synthétique, et donnerai mes conclusions lors du processus de budgétisation.
Nous définirons d’ici la fin de l’année les thèmes qui font l’objet de discussions, comme la nouvelle Stratégie de sécurité nationale (NSS), et en accélèrerons le diagnostic réaliste, sans omettre la « capacité de riposte » et toutes les autres options nécessaires pour protéger la population. Conjointement à cela, nous travaillerons également au renforcement de nos capacités en matière de sécurité maritime.
La sécurité économique constitue un autre dossier important.
Parallèlement à la mise en place efficiente de la Loi pour la promotion de la sécurité économique (Economic Security Promotion Bill), nous œuvrerons au développement de technologies critiques relatives à l’espace extra-atmosphérique, au domaine maritime ou encore au cyberespace.
Du point de vue de la sécurité et de la prospérité du Japon, le renforcement de l’alliance nippo-américaine revêt une importance accrue. En renforçant davantage ses capacités de dissuasion et de réponse, nous contribuerons à la paix et à la stabilité de la région ainsi qu’à la prospérité de la communauté internationale.
Dans le même temps, nous poursuivrons nos efforts pour réduire la charge que représentent les bases [des troupes américaines basées au Japon]. Dans l’optique d’une restitution la plus rapide possible de l’ensemble de la base aérienne de Futenma, nous poursuivons les travaux de son transfert sur le site de Henoko et, parallèlement à cela, nous travaillons pour doter Okinawa d’une économie forte.
Afin de pousser la vision d’un « Indopacifique libre et ouvert », nous développerons des coopérations substantielles, y compris à travers le Dialogue quadrilatéral (Japon – États-Unis - Australie - Inde), et renforcerons la coordination avec nos partenaires de l’ASEAN, d’Europe ou encore d’Océanie. Dans ce but, nous élaborerons de nouveaux plans. Sur le plan économique aussi, nous viserons à obtenir des résultats concrets, notamment dans le Cadre économique indopacifique pour la prospérité (Indo-Pacific Economic Framework for Prosperity, ou IPEF).
Le mois dernier, nous avons célébré les 50 ans de la normalisation des relations diplomatiques entre le Japon et la Chine. Encore aujourd’hui, plusieurs questions demeurent en suspens entre nos deux pays, mais nous nous efforçons chacun de bâtir une « relation constructive et stable » où nous multiplions le dialogue, y compris sur les questions en suspens, et coopérons sur des défis communs, tout en revendiquant ce qui doit l’être et en réclamant des comportements responsables.
La situation en Ukraine a rendu les relations nippo – russes difficiles, mais le Japon reste fermement attaché à sa ligne de conduite de résoudre la question des Territoires du Nord et de signer un traité de paix [avec la Russie].
La République de Corée est un pays voisin important du Japon, avec qui nous devons continuer de coopérer sur de nombreux défis globaux. Sur la base des liens d’amitié et de coopération que nos deux pays ont développés depuis la normalisation de nos relations bilatérales, nous maintiendrons des échanges étroits avec le Gouvernement sud-coréen pour redonner aux relations nippo – sud coréennes leur pleine vitalité et les développer davantage.
Concernant le dossier prioritaire qu’est la question des enlèvements, nous faisons notre maximum et ne manquons aucune opportunité pour réaliser le retour le plus tôt possible au Japon des victimes de ces enlèvements. Je suis moi-même prêt à rencontrer le président KIM Jong-un, sans aucune condition préalable. Notre objectif est de trouver une solution globale sur la base de la Déclaration de Pyongyang aux questions en suspens (enlèvements, programme nucléaire et missiles balistiques) et de parvenir à une normalisation de nos relations diplomatiques avec la Corée du Nord en mettant un terme à notre passé douloureux.
Il est infiniment regrettable que la dernière Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) n’ait pu aboutir à l’adoption d’un document final du fait de l’opposition de la Russie. Nous poursuivrons néanmoins nos initiatives en accord avec le « Hiroshima Action Plan », en profitant également du « comité international des sages » qui devra se réunir dans le courant de l’année à Hiroshima. Le maintien et le renforcement du régime du TNP permettra des avancées réelles en faveur d’un monde sans armes nucléaires.
De plus, nous œuvrerons au renforcement du fonctionnement des Nations Unies, y compris la réforme du Conseil de sécurité, fidèles en cela à la volonté du Japon de réaliser les idéaux des Nations Unies que j’ai présentée l’autre jour.
L’année prochaine, le Japon siègera parmi les membres non-permanents du Conseil de sécurité des Nations Unies et, en mai, il organisera sous sa présidence le Sommet du G7 à Hiroshima.
Moi-même, je me tiendrai au premier rang et continuerai de promouvoir le maintien et le renforcement des normes et principes internationaux fondés sur des valeurs universelles, les efforts pour relever les défis globaux, ainsi qu’une diplomatie réaliste pour une nouvelle ère (realism diplomacy for a new era) qui protège résolument la vie de la population.
Système électoral / Constitution
Pour terminer, je parlerai du système électoral et de la Constitution, deux thématiques essentielles qui relèvent des principes fondamentaux de notre nation.
S’agissant des circonscriptions électorales pour les élections législatives, je soumettrai rapidement à la Diète un amendement à la Loi relative à l’élection des représentants publics (Public Office Election Law) pour mener une réforme basée sur les recommandations faites par le conseil sur la division des circonscriptions législatives (Council on the House of Representatives Electoral District) en juin dernier.
Lors de la 208e session parlementaire de la Diète, les deux chambres ont réuni à elles deux plus d’une trentaine de fois des commissions d’enquête sur la Constitution, donnant lieu à des débats particulièrement animés. Je m’en réjouis. La révision de la Constitution dépendra en dernier lieu de la décision de nos concitoyens. Pour en lancer l’initiative, j’attends de la Diète qu’elle favorise encore davantage les discussions autour de cette question.
Conclusion
Cette année, je me suis rendu sur de nombreux sites et ai multiplié les échanges directs avec de nombreux interlocuteurs.
Certes, le Japon est confronté à de nombreuses difficultés, mais j’ai cependant le sentiment que notre pays voit aussi croître les germes de nombreux changements ainsi que de nombreux espoirs en l’avenir.
Il en va de même à la fois pour le département de Fukushima, auquel j’ai fait référence au début de mon discours, pour les personnes travaillant pour des startups dans tout le pays et pour la revitalisation de nos régions grâce au numérique.
Je souhaite marquer le début d’un nouvel avenir pour le Japon, tout en rassemblant les capacités du plus grand nombre, jeunes et seniors, hommes et femmes, pour transformer en courants majeurs les nouvelles tendances tout juste émergentes.
Confiance et sympathie… En ayant à cœur de conserver cette attitude, nous progresserons pas à pas sur la bonne voie.
Pour l’avenir de ce pays, je continuerais de me consacrer corps et âme à mon travail.
Merci de votre attention.
Traduction provisoire et purement informative