Discours de politique étrangère du ministre des Affaires étrangères HAYASHI à la 211e session de la Diète
2023/1/23
I. Les principes de la politique étrangère du Japon face à un tournant historique
II. Maintenir et renforcer un ordre international libre, ouvert et fondé sur l'État de droit
III. Réponse aux défis sécuritaires
IV. Diplomatie de proximité
V. Réponse aux défis communs de l'humanité
À l’occasion de cette 211e session de la Diète, permettez-moi de vous présenter la politique étrangère du Japon.
Le monde se trouve désormais à un tournant historique. L'ordre international libre, ouvert et fondé sur l’État de droit, qui a soutenu la paix et la prospérité de l'après-guerre froide, est désormais gravement remis en question du fait de l’évolution historique de l'équilibre des puissances et d’une intensification des rivalités géopolitiques.
L'agression russe contre l'Ukraine continue d'ébranler les fondements de l'ordre international. Une série d’actions commise par la Russie comme « l’annexion » illégale d’une partie du territoire ukrainien ou les meurtres de civils innocents constituent des violations inexcusables du droit international. En tant que seul pays à avoir subi des bombardements atomiques en temps de guerre, le Japon ne peut aucunement tolérer les menaces par le nucléaire de la Russie, et encore moins l’utilisation de l’arme nucléaire.
On ne peut traiter séparément la sécurité en Europe et dans l’Indopacifique. Déterminé à n’accepter aucune tentative unilatérale de modifier le statu quo par la force dans quelque région que ce soit, le Japon continuera d’appuyer fermement les sanctions à l’encontre de la Russie ainsi que les aides à l'Ukraine, en collaboration étroite avec les États membres du G7 et le reste de la communauté internationale.
L’activité nucléaire et balistique de la Corée du Nord connait un regain d’intensité, ce pays procédant l'année dernière à des lancements balistiques à une cadence et sous une forme encore jamais vus. On constate également des mouvements en vue de l’organisation d’essais nucléaires. Ces actes inacceptables représentent non seulement une menace pour la sécurité nationale du Japon, mais aussi un défi clair et sérieux à la communauté internationale. Le Japon continuera donc de collaborer étroitement dans sa réponse, tant au niveau bilatéral avec les États-Unis, trilatéral avec les États-Unis et la Corée du Sud qu’au sein du Conseil de sécurité des Nations Unies.
La Chine accroît son influence sur la scène internationale dans différents domaines, y compris politique, économique et militaire, ce qui occasionne de nombreuses problématiques. Le Japon demandera à la Chine qu’elle assume ses responsabilités de grande puissance dans le respect des règles internationales.
Conjointement à ces challenges, la communauté internationale voit une urgence accrue des défis nécessitant une coopération internationale qui dépasse les divergences de valeurs et d'intérêts.
Dans ce contexte, nous continuerons de déployer une diplomatie avec un haut degré de réactivité, en maintenant une posture équilibrée et stable ainsi que les trois résolutions suivantes : (i) résolution à défendre les valeurs universelles, (ii) résolution à préserver la paix et la sécurité du Japon, et (iii) résolution à jouer un rôle de premier plan au sein de la communauté internationale dans la réponse aux défis globaux.
En tant que pays assumant la présidence du G7 et siégeant parmi les membres non permanents du Conseil de sécurité, nous développerons les initiatives destinées à maintenir un ordre international libre, ouvert et fondé sur l'État de droit.
Concernant la crise ukrainienne actuelle, c’est le G7 qui a réagi le plus efficacement grâce à une coopération étroite. Lors du sommet du G7 qui sera organisé cette année sous la présidence japonaise, nous montrerons la volonté ferme du G7 de rejeter toute tentative unilatérale de modifier le statu quo par la force ainsi que toute menace ou utilisation de l’arme nucléaire, et de préserver l'ordre international fondé sur l'État de droit. Dans le même temps, nous initierons des réponses aux défis globaux : économie mondiale (sécurité énergétique et alimentaire), thématiques régionales (Ukraine et Indopacifique), désarmement et non-prolifération nucléaires, sécurité économique, changement climatique, santé mondiale, développement. Personnellement, j'ai participé l’année dernière à onze réunions des ministres des Affaires étrangères du G7. Cette année, je vais profiter d'événements tels que la réunion des ministres des Affaires étrangères du G7 à Karuizawa (département de Nagano) que je présiderai pour encourager une coopération encore plus étroite entre les membres du G7. Nous mettrons également l'accent sur la collaboration avec l'Inde, qui assure la présidence du G20.
Nous avons également renforcé de manière significative la coopération entre l’Australie, les États-Unis, l’Inde et le Japon au sein du Dialogue quadrilatéral (« Quad »). Tout en montrant notre détermination à ne tolérer aucun changement unilatéral du statu quo par la force dans quelque région que ce soit, nous promouvrons une coopération effective dans de nombreux domaines en vue de la réalisation d’un « Indopacifique libre et ouvert ».
Ce concept d’un « Indopacifique libre et ouvert » fondé sur l'État de droit bénéficie d’une importance accrue. Tout en développant un nouveau plan pour un « Indopacifique libre et ouvert » qui renforcera notre action diplomatique, le Japon renforcera ses collaborations au sein du « Quad » ainsi qu’avec ses partenaires de l’ASEAN, d'Europe, d'Océanie ou encore d’Amérique latine et des Caraïbes en vue de sa réalisation. Nous profiterons notamment du Sommet spécial pour les 50 ans de l'amitié et de la coopération Japon - ASEAN, qui se tiendra en décembre à Tokyo, pour définir une vision sur l'avenir de nos relations.
Pour quelque pays ou territoire que ce soit, les crises induites par les bouleversements de l’ordre international ne consistent pas à « regarder le feu depuis l’autre rive ». L'agression russe impacte fortement certaines régions comme le Moyen-Orient et l'Afrique du fait de la flambée des prix des produits alimentaires et énergétiques. Nous ne pouvons non plus ignorer les tentatives de créer des divisions au moyen de la désinformation. J'ai personnellement mené un dialogue renforcé avec de nombreux pays, notamment par le biais de la TICAD 8 d’août 2022, de la 9e réunion des ministres des Affaires étrangères du Dialogue « Asie centrale plus Japon » à Tokyo à la fin de l'année dernière ainsi que de ma récente tournée en Amérique latine. Sur la base de la diplomatie régionale que le Japon a élaborée consciencieusement avec les autres pays, nous poursuivrons nos efforts pour partager l'importance d'un ordre basé sur l'État de droit, ainsi que collaborer à son maintien et son renforcement, et ce pour assurer la stabilité tant au niveau régional qu’international.
L'agression russe contre l'Ukraine menace également le multilatéralisme. À la lumière de cette situation, j'ai présidé à New York le débat public du Conseil de sécurité consacré à l'État de droit, appelant les États membres à s'unir autour de ce principe au moment où la communauté internationale est confrontée à une crise complexe.
Alors que l'ONU et le Conseil de sécurité sont mis à l’épreuve, nous apporterons une contribution active pour permettre au Conseil de sécurité de remplir ses fonctions à travers des échanges soutenus avec les autres États membres. En outre, il est impératif que l’ONU procède au renforcement de ses fonctions pour revenir à l'esprit et aux principes de la Charte des Nations Unies et restaurer la confiance dans l'Organisation. En vue d’assurer la réforme du Conseil de Sécurité, il est temps d’agir et non plus de « débattre pour le plaisir de débattre ». Nous poursuivrons nos efforts pour obtenir des progrès rapides en maintenant des échanges étroits au sein du G4 (Allemagne, Brésil, Inde et Japon), de même qu'avec les différents pays concernés comme les États-Unis, le Royaume-Uni, la France ainsi que les États africains. Nous continuerons également de contribuer aux opérations de maintien de la paix et aux autres initiatives onusiennes en faveur de la consolidation de la paix.
Un ordre économique libre, équitable et fondé sur des règles reste le pilier de la croissance et de la prospérité au Japon comme dans le monde entier. Nous continuerons d'exercer notre leadership en tant que porte-drapeau du libre-échange, travaillerons à maintenir les normes élevées de l’accord de Partenariat transpacifique global et progressiste (CPTPP), assurerons la pleine mise en œuvre de l'accord de partenariat économique régional global (Regional Comprehensive Economic Partnership ou RCEP) et prendrons l’initiative de la réforme de l'OMC. Dans le domaine du numérique aussi, nous jouerons un rôle central dans l'élaboration de règles internationales comme les négociations sur le commerce électronique à l'OMC, en vue de la réalisation du concept de libre circulation des données en toute confiance (data free flow with trust ou DFFT). S’agissant du Cadre économique pour l’Indopacifique (Indo-Pacific Economic Framework ou IPEF), qui est important pour le maintien et le renforcement de l'ordre économique dans la région indopacifique, nous contribuerons à la création d'un nouveau cadre en collaborant étroitement avec les autres États participants.
Nous agirons pour accompagner les entreprises japonaises dans leur implantation sur les marchés étrangers et l’ensemble du Gouvernement travaille à la levée de toutes les restrictions aux importations de produits alimentaires japonais. Enfin, nous poursuivrons nos efforts pour assurer le succès de l'EXPO 2025 Osaka, Kansaï, Japon.
Le Japon est confronté à l'environnement sécuritaire le plus tendu et le plus complexe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
L’élément essentiel de la puissance nationale complète (Comprehensive National Power) du Japon en matière de sécurité nationale est sa capacité diplomatique. Nous procédons donc à un renforcement drastique de la structure de notre intervention diplomatique. Dans le cadre de la nouvelle stratégie de sécurité nationale (National Security Strategy ou NSS), nous déploierons une diplomatie affirmée soutenue par le renforcement drastique de nos capacités de défense. Nous préviendrons ainsi les crises avant qu'elles ne se produisent et créerons de manière proactive un environnement international pacifique et stable. Dans le même temps, aucun autre moyen ne peut remplacer les capacités de défense, qui sont l’expression de notre volonté et de notre capacité à nous défendre. Nous continuerons donc de contribuer au débat sur le renforcement drastique des capacités de défense du Japon .
Afin de promouvoir la sécurité économique, nous œuvrerons à renforcer davantage les coopérations avec les pays partageant nos positions, ainsi qu’à la formulation de normes internationales pour répondre aux nouveaux défis.
Dans le même temps, nous approfondirons l'alliance nippo-américaine, qui constitue l’axe central de la diplomatie et de la politique en matière de sécurité et de défense du Japon. Le Premier ministre KISHIDA a récemment effectué son premier déplacement à Washington, D.C. depuis son investiture. Il s’est entretenu longuement avec le Président BIDEN lors d’une réunion au sommet Japon - États-Unis, qui a été suivie de la publication d’une déclaration conjointe. Ayant accompagné le Premier ministre, j’ai également participé avec le ministre de la Défense HAMADA au Comité consultatif nippo - américain (2+2) sur la sécurité avec le secrétaire d'État BLINKEN et le secrétaire à la Défense AUSTIN.
À travers une série de rencontres avec la partie américaine, nous avons confirmé que nous ne tolérerions aucun changement unilatéral du statu quo par la force dans quelle région que ce soit. Et nous devons associer les potentiels de l’Indopacifique, zone primordiale sur le plan stratégique pour le Japon et les États-Unis, à la stabilité et la prospérité de cette région.
Dans ce but, le Japon et les États-Unis travailleront ensemble au renforcement des capacités de dissuasion et de réponse de l'alliance nippo-américaine, en tenant compte de l'évolution de son rôle et de ses objectifs. Ce faisant, nous mettrons notamment l’accent sur un renforcement supplémentaire de la coordination bilatérale par le biais du mécanisme de coordination de l'alliance, les missions de l’alliance en temps de paix, l'approfondissement de la coopération nippo - américaine pour une gestion efficace des capacités de contre-attaque du Japon, la coopération dans les domaines de l’espace, du cyberespace et la sécurité de l’information, la coopération technique pour assurer à l'alliance son avantage concurrentiel ou encore le co-investissement en faveur des technologies émergentes. Nous poursuivrons également nos efforts pour préserver la crédibilité et la résilience de la dissuasion étendue américaine. Enfin, nous continuerons d'optimiser le dispositif des forces américaines au Japon et ferons notre possible pour alléger la charge sur la population locale et transférer dès que possible la base aérienne de Futenma à Henoko, tout en assurant une présence stable des forces américaines au Japon.
Grâce à la version économique de la « Réunion 2+2 » lancée l'année dernière, nous traiterons ensemble de thématiques diplomatiques, sécuritaires et économiques, renforçant ainsi la collaboration entre nos deux pays sur des sujets communs, comme la sécurité économique ou le maintien et le renforcement d'un ordre économique basé sur des règles.
Nous renforçons également notre coopération dans ce même domaine avec les pays européens, l'UE et l'OTAN. L'année dernière, le Premier ministre KISHIDA a assisté à un sommet de l'OTAN, une première pour un Premier ministre du Japon, et j’ai été le premier ministre des Affaires étrangères du Japon à assister à une réunion des ministres des Affaires étrangères des pays de l’OTAN. Nous voyons également des avancées dans notre coopération avec les états européens en matière de sécurité et de défense : annonce en décembre dernier d’un accord sur une collaboration tripartite (Italie, Japon, Royaume-Uni) pour le développement d’un avion de combat de nouvelle génération, signature en janvier de cette année d’un accord d'accès réciproque (RAA) entre le Japon et le Royaume-Uni, etc. Nous continuerons de promouvoir une coopération concrète en vue d'un engagement des états européens, de l'UE et de l'OTAN en Indopacifique.
Concernant le désarmement et la non-prolifération nucléaires, nous continuerons de nous appuyer sur la relation de confiance que nous avons développée avec notre allié américain pour promouvoir des efforts réalistes et efficients en vue de la réalisation d'un monde sans armes nucléaires, conformément au « Hiroshima Action Plan » présenté en août 2022 par le Premier ministre KISHIDA. Tout en poursuivant les initiatives destinées à favoriser un élan international en faveur d’un monde sans armes nucléaires, comme le « comité international des sages », nous approfondirons également les échanges avec les membres du G7 et d’autres acteurs pour pouvoir envoyer un message fort lors du Sommet du G7 à Hiroshima.
Pour maintenir la paix et la sécurité au niveau nationale et régional, nous établirons des relations stables avec nos voisins tout en abordant de front les sujets épineux qui existent entre nous.
Si des potentialités existent entre le Japon et la Chine, nous avons aussi de nombreux défis et problématiques : tentatives unilatérales de la Chine de modifier le statu quo par la force en mers de Chine orientale et méridionale comme dans les eaux autour des Senkaku, série d'opérations militaires chinoises autour de Taïwan et, surtout, le lancement de missiles balistiques dans la zone économique exclusive (ZEE) et dans les eaux limitrophes du Japon. La paix et la stabilité du détroit de Taiwan sont également essentielles. Le Gouvernement du Japon est également très préoccupé par la situation à Hong Kong et par la question des droits de l'Homme dans la région autonome ouïgoure du Xinjiang. Dans le même temps, le Japon et la Chine ont tous deux une grande responsabilité vis-à-vis de la paix et de la prospérité régionales comme internationales. Avec la Chine, nous continuerons de revendiquer ce qui doit l’être et d’insister pour qu’elle agisse de manière responsable. Dans le même temps, nous multiplierons les échanges, y compris sur les sujets épineux, car il est important que le Japon et la Chine accélèrent leurs efforts pour bâtir une « relation constructive et stable », dans laquelle nous coopérerons sur les questions d’intérêt commun.
La République de Corée (Corée du Sud) est un voisin important avec qui nous devons coopérer dans nos réponses à différents défis globaux. Au regard de différentes problématiques comme la question de la Corée du Nord, il ne fait aucun doute que nous devons renforcer nos collaborations stratégiques avec la Corée du Sud ainsi que dans un cadre tripartite (Corée du Sud - Japon - États-Unis), y compris en matière de sécurité et défense. Il est nécessaire de restaurer des relations saines avec la Corée du Sud voire de les développer davantage, en se reposant sur les liens d’amitié et de coopération que nos deux pays ont construits depuis la normalisation de leurs relations diplomatiques. Forts des résultats du sommet Japon - Corée du Sud de novembre 2022, le Japon maintiendra des échanges étroits avec le Gouvernement sud-coréen, à l’instar de ceux que j’ai avec le ministre des Affaires étrangères PARK. Enfin, l’île de Takeshima fait partie intégrante du territoire national du Japon, tant au regard du droit international que des faits historiques. C’est la position fondamentale à laquelle nous resterons attachés dans la gestion de cette question.
Concernant nos relations avec la Russie, nous agirons de manière à protéger les intérêts nationaux du Japon. Les relations entre nos deux pays sont difficiles suite à l'agression russe contre l'Ukraine et nous ne pouvons actuellement parler de perspectives concernant des négociations de paix. Mais le Japon se tiendra fermement à sa ligne directrice de résoudre la question des Territoires du Nord et de conclure un traité de paix avec la Russie. De même, la reprise des programmes d'échange dans les quatre îles composant les Territoires du Nord, comme les visites de recueillement sur les tombes des anciens habitants japonais, représente l'une des priorités essentielles des futures relations entre nos deux pays.
S’agissant de la Corée du Nord, le Japon vise à normaliser ses relations par la résolution globale des questions restées en suspens (enlèvements, programme nucléaire et balistique) et le règlement de notre passé malheureux. La question des enlèvements, qui reste une priorité absolue du Gouvernement, est une question humanitaire pour laquelle nous sommes limités dans le temps. Nous n’avons pas de temps à perdre pour la résoudre. Nous agirons avec détermination et sans limiter nos efforts pour réaliser le plus rapidement possible le retour de toutes les personnes enlevées.
Pour que l'ordre international que nous défendons soit digne de la confiance de la population mondiale, nous devons jouer un rôle clé dans la réponse à apporter aux défis de l'humanité. Les pays en développement, qui représentent la majorité de la communauté internationale, appréhendent avec difficulté un développement stable alors que nous voyons une complexification de la situation internationale et une aggravation des défis globaux. Dans un tel contexte, nous renforcerons davantage notre aide publique au développement (APD) - un de nos outils diplomatiques majeurs - en restant fidèle au concept de sécurité humaine pour une nouvelle ère, et, par une utilisation efficace et stratégique de cette dernière, nous accélèrerons les initiatives en faveur de la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD) et d’un « Indopacifique libre et ouvert ». À cette fin, nous procéderons au cours du premier semestre 2023 à une révision de la Charte pour la Coopération au Développement.
Face à la flambée des prix des produits alimentaires causée par l'agression russe contre l'Ukraine, nous agirons pour aider les pays vulnérables par le biais de diverses instances comme le processus de la TICAD, conjugué à une collaboration avec les organisations internationales et les pays partenaires.
Le changement climatique, qui concerne l'ensemble de l'humanité, représente un défi majeur sur lequel la communauté internationale doit collaborer dans son ensemble. Au regard de la situation en Ukraine, nous avons appris l’importance de conjuguer action climatique et renforcement de la sécurité énergétique. En nous appuyant sur les résultats de la COP27 de novembre dernier, nous continuerons d’agir sur les défis climatiques et demanderons à l’ensemble des pays signataires des actions supplémentaires, notamment des efforts pour la réduction des émissions de CO2 en accord avec l'objectif de limiter l’augmentation de la température à 1,5 °C.
La santé mondiale est un sujet essentiel qui est directement lié à la santé des personnes, mais relève également des domaines économique, sociétal et sécuritaire. En s’inspirant des leçons tirées de la pandémie de la COVID-19 et dans l’optique d’instaurer une couverture sanitaire universelle (CSU), nous prendrons l’initiative pour renforcer l'architecture sanitaire internationale qui contribuera ainsi à améliorer la prévention, la préparation et la réponse (PPR) des futures crises sanitaires, ainsi que des réponses aux défis sanitaires mondiaux retardées par la COVID-19.
Le Japon s’attèlera également aux problématiques liées à la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD) : pollution plastique, préservation de la biodiversité, aggravation des crises humanitaires, populations réfugiées et déplacées, terrorisme et extrémisme violent, promotion de l'égalité femmes - hommes.
Pour protéger la valeur fondamentale que représentent les droits humains, nous développerons notre propre diplomatie en la matière en nous prononçant clairement contre les graves violations de ces droits et en soutenant les pays dans leurs efforts par « le dialogue et la coopération ».
Pour obtenir de manière continue des résultats concrets sur les thématiques susmentionnées, il est indispensable de garantir une structure réactive pour le déploiement de notre diplomatie ainsi que d'améliorer l'environnement professionnel et les revenus de base de nos personnels basés à l'étranger, qui sont en première ligne de notre action diplomatique. Nous tâcherons notamment d'améliorer les différentes allocations impactées par les fluctuations du taux de change et l'augmentation du coût de la vie. En outre, nous travaillerons à renforcer drastiquement notre dotation en personnel, notre base financière - qui comprend un renforcement de l'APD -, la structure de déploiement de notre diplomatie - y compris la promotion de la transition numérique (DX) - et un engagement dans la communication stratégique. Dans le même temps, nous ferons en sorte d’augmenter le nombre de Japonais travaillant au sein des organisations internationales, de favoriser la formation d’amoureux et de connaisseurs du Japon, et de renforcer la coopération avec les communautés nikkei. En outre, le Ministère des Affaires étrangères du Japon veillera à remplir pleinement son rôle dans l'inscription du « complexe minier de l’île de Sado » au patrimoine mondial de l’humanité. Avec la reprise des échanges internationaux qui a suivi l'assouplissement de contrôle sanitaire aux frontières, nous continuerons de faire le maximum pour assurer la sécurité de nos ressortissants à l'étranger.
J’en appelle au soutien et à la coopération des membres de la Diète ainsi que de tous nos concitoyens.
Traduction provisoire et purement informative
II. Maintenir et renforcer un ordre international libre, ouvert et fondé sur l'État de droit
III. Réponse aux défis sécuritaires
IV. Diplomatie de proximité
V. Réponse aux défis communs de l'humanité
À l’occasion de cette 211e session de la Diète, permettez-moi de vous présenter la politique étrangère du Japon.
I. Les principes de la politique étrangère du Japon face à un tournant historique
Le monde se trouve désormais à un tournant historique. L'ordre international libre, ouvert et fondé sur l’État de droit, qui a soutenu la paix et la prospérité de l'après-guerre froide, est désormais gravement remis en question du fait de l’évolution historique de l'équilibre des puissances et d’une intensification des rivalités géopolitiques.
L'agression russe contre l'Ukraine continue d'ébranler les fondements de l'ordre international. Une série d’actions commise par la Russie comme « l’annexion » illégale d’une partie du territoire ukrainien ou les meurtres de civils innocents constituent des violations inexcusables du droit international. En tant que seul pays à avoir subi des bombardements atomiques en temps de guerre, le Japon ne peut aucunement tolérer les menaces par le nucléaire de la Russie, et encore moins l’utilisation de l’arme nucléaire.
On ne peut traiter séparément la sécurité en Europe et dans l’Indopacifique. Déterminé à n’accepter aucune tentative unilatérale de modifier le statu quo par la force dans quelque région que ce soit, le Japon continuera d’appuyer fermement les sanctions à l’encontre de la Russie ainsi que les aides à l'Ukraine, en collaboration étroite avec les États membres du G7 et le reste de la communauté internationale.
L’activité nucléaire et balistique de la Corée du Nord connait un regain d’intensité, ce pays procédant l'année dernière à des lancements balistiques à une cadence et sous une forme encore jamais vus. On constate également des mouvements en vue de l’organisation d’essais nucléaires. Ces actes inacceptables représentent non seulement une menace pour la sécurité nationale du Japon, mais aussi un défi clair et sérieux à la communauté internationale. Le Japon continuera donc de collaborer étroitement dans sa réponse, tant au niveau bilatéral avec les États-Unis, trilatéral avec les États-Unis et la Corée du Sud qu’au sein du Conseil de sécurité des Nations Unies.
La Chine accroît son influence sur la scène internationale dans différents domaines, y compris politique, économique et militaire, ce qui occasionne de nombreuses problématiques. Le Japon demandera à la Chine qu’elle assume ses responsabilités de grande puissance dans le respect des règles internationales.
Conjointement à ces challenges, la communauté internationale voit une urgence accrue des défis nécessitant une coopération internationale qui dépasse les divergences de valeurs et d'intérêts.
Dans ce contexte, nous continuerons de déployer une diplomatie avec un haut degré de réactivité, en maintenant une posture équilibrée et stable ainsi que les trois résolutions suivantes : (i) résolution à défendre les valeurs universelles, (ii) résolution à préserver la paix et la sécurité du Japon, et (iii) résolution à jouer un rôle de premier plan au sein de la communauté internationale dans la réponse aux défis globaux.
II. Maintenir et renforcer un ordre international libre, ouvert et fondé sur l'État de droit
En tant que pays assumant la présidence du G7 et siégeant parmi les membres non permanents du Conseil de sécurité, nous développerons les initiatives destinées à maintenir un ordre international libre, ouvert et fondé sur l'État de droit.
Concernant la crise ukrainienne actuelle, c’est le G7 qui a réagi le plus efficacement grâce à une coopération étroite. Lors du sommet du G7 qui sera organisé cette année sous la présidence japonaise, nous montrerons la volonté ferme du G7 de rejeter toute tentative unilatérale de modifier le statu quo par la force ainsi que toute menace ou utilisation de l’arme nucléaire, et de préserver l'ordre international fondé sur l'État de droit. Dans le même temps, nous initierons des réponses aux défis globaux : économie mondiale (sécurité énergétique et alimentaire), thématiques régionales (Ukraine et Indopacifique), désarmement et non-prolifération nucléaires, sécurité économique, changement climatique, santé mondiale, développement. Personnellement, j'ai participé l’année dernière à onze réunions des ministres des Affaires étrangères du G7. Cette année, je vais profiter d'événements tels que la réunion des ministres des Affaires étrangères du G7 à Karuizawa (département de Nagano) que je présiderai pour encourager une coopération encore plus étroite entre les membres du G7. Nous mettrons également l'accent sur la collaboration avec l'Inde, qui assure la présidence du G20.
Nous avons également renforcé de manière significative la coopération entre l’Australie, les États-Unis, l’Inde et le Japon au sein du Dialogue quadrilatéral (« Quad »). Tout en montrant notre détermination à ne tolérer aucun changement unilatéral du statu quo par la force dans quelque région que ce soit, nous promouvrons une coopération effective dans de nombreux domaines en vue de la réalisation d’un « Indopacifique libre et ouvert ».
Ce concept d’un « Indopacifique libre et ouvert » fondé sur l'État de droit bénéficie d’une importance accrue. Tout en développant un nouveau plan pour un « Indopacifique libre et ouvert » qui renforcera notre action diplomatique, le Japon renforcera ses collaborations au sein du « Quad » ainsi qu’avec ses partenaires de l’ASEAN, d'Europe, d'Océanie ou encore d’Amérique latine et des Caraïbes en vue de sa réalisation. Nous profiterons notamment du Sommet spécial pour les 50 ans de l'amitié et de la coopération Japon - ASEAN, qui se tiendra en décembre à Tokyo, pour définir une vision sur l'avenir de nos relations.
Pour quelque pays ou territoire que ce soit, les crises induites par les bouleversements de l’ordre international ne consistent pas à « regarder le feu depuis l’autre rive ». L'agression russe impacte fortement certaines régions comme le Moyen-Orient et l'Afrique du fait de la flambée des prix des produits alimentaires et énergétiques. Nous ne pouvons non plus ignorer les tentatives de créer des divisions au moyen de la désinformation. J'ai personnellement mené un dialogue renforcé avec de nombreux pays, notamment par le biais de la TICAD 8 d’août 2022, de la 9e réunion des ministres des Affaires étrangères du Dialogue « Asie centrale plus Japon » à Tokyo à la fin de l'année dernière ainsi que de ma récente tournée en Amérique latine. Sur la base de la diplomatie régionale que le Japon a élaborée consciencieusement avec les autres pays, nous poursuivrons nos efforts pour partager l'importance d'un ordre basé sur l'État de droit, ainsi que collaborer à son maintien et son renforcement, et ce pour assurer la stabilité tant au niveau régional qu’international.
L'agression russe contre l'Ukraine menace également le multilatéralisme. À la lumière de cette situation, j'ai présidé à New York le débat public du Conseil de sécurité consacré à l'État de droit, appelant les États membres à s'unir autour de ce principe au moment où la communauté internationale est confrontée à une crise complexe.
Alors que l'ONU et le Conseil de sécurité sont mis à l’épreuve, nous apporterons une contribution active pour permettre au Conseil de sécurité de remplir ses fonctions à travers des échanges soutenus avec les autres États membres. En outre, il est impératif que l’ONU procède au renforcement de ses fonctions pour revenir à l'esprit et aux principes de la Charte des Nations Unies et restaurer la confiance dans l'Organisation. En vue d’assurer la réforme du Conseil de Sécurité, il est temps d’agir et non plus de « débattre pour le plaisir de débattre ». Nous poursuivrons nos efforts pour obtenir des progrès rapides en maintenant des échanges étroits au sein du G4 (Allemagne, Brésil, Inde et Japon), de même qu'avec les différents pays concernés comme les États-Unis, le Royaume-Uni, la France ainsi que les États africains. Nous continuerons également de contribuer aux opérations de maintien de la paix et aux autres initiatives onusiennes en faveur de la consolidation de la paix.
Un ordre économique libre, équitable et fondé sur des règles reste le pilier de la croissance et de la prospérité au Japon comme dans le monde entier. Nous continuerons d'exercer notre leadership en tant que porte-drapeau du libre-échange, travaillerons à maintenir les normes élevées de l’accord de Partenariat transpacifique global et progressiste (CPTPP), assurerons la pleine mise en œuvre de l'accord de partenariat économique régional global (Regional Comprehensive Economic Partnership ou RCEP) et prendrons l’initiative de la réforme de l'OMC. Dans le domaine du numérique aussi, nous jouerons un rôle central dans l'élaboration de règles internationales comme les négociations sur le commerce électronique à l'OMC, en vue de la réalisation du concept de libre circulation des données en toute confiance (data free flow with trust ou DFFT). S’agissant du Cadre économique pour l’Indopacifique (Indo-Pacific Economic Framework ou IPEF), qui est important pour le maintien et le renforcement de l'ordre économique dans la région indopacifique, nous contribuerons à la création d'un nouveau cadre en collaborant étroitement avec les autres États participants.
Nous agirons pour accompagner les entreprises japonaises dans leur implantation sur les marchés étrangers et l’ensemble du Gouvernement travaille à la levée de toutes les restrictions aux importations de produits alimentaires japonais. Enfin, nous poursuivrons nos efforts pour assurer le succès de l'EXPO 2025 Osaka, Kansaï, Japon.
III. Réponse aux défis sécuritaires
Le Japon est confronté à l'environnement sécuritaire le plus tendu et le plus complexe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
L’élément essentiel de la puissance nationale complète (Comprehensive National Power) du Japon en matière de sécurité nationale est sa capacité diplomatique. Nous procédons donc à un renforcement drastique de la structure de notre intervention diplomatique. Dans le cadre de la nouvelle stratégie de sécurité nationale (National Security Strategy ou NSS), nous déploierons une diplomatie affirmée soutenue par le renforcement drastique de nos capacités de défense. Nous préviendrons ainsi les crises avant qu'elles ne se produisent et créerons de manière proactive un environnement international pacifique et stable. Dans le même temps, aucun autre moyen ne peut remplacer les capacités de défense, qui sont l’expression de notre volonté et de notre capacité à nous défendre. Nous continuerons donc de contribuer au débat sur le renforcement drastique des capacités de défense du Japon .
Afin de promouvoir la sécurité économique, nous œuvrerons à renforcer davantage les coopérations avec les pays partageant nos positions, ainsi qu’à la formulation de normes internationales pour répondre aux nouveaux défis.
Dans le même temps, nous approfondirons l'alliance nippo-américaine, qui constitue l’axe central de la diplomatie et de la politique en matière de sécurité et de défense du Japon. Le Premier ministre KISHIDA a récemment effectué son premier déplacement à Washington, D.C. depuis son investiture. Il s’est entretenu longuement avec le Président BIDEN lors d’une réunion au sommet Japon - États-Unis, qui a été suivie de la publication d’une déclaration conjointe. Ayant accompagné le Premier ministre, j’ai également participé avec le ministre de la Défense HAMADA au Comité consultatif nippo - américain (2+2) sur la sécurité avec le secrétaire d'État BLINKEN et le secrétaire à la Défense AUSTIN.
À travers une série de rencontres avec la partie américaine, nous avons confirmé que nous ne tolérerions aucun changement unilatéral du statu quo par la force dans quelle région que ce soit. Et nous devons associer les potentiels de l’Indopacifique, zone primordiale sur le plan stratégique pour le Japon et les États-Unis, à la stabilité et la prospérité de cette région.
Dans ce but, le Japon et les États-Unis travailleront ensemble au renforcement des capacités de dissuasion et de réponse de l'alliance nippo-américaine, en tenant compte de l'évolution de son rôle et de ses objectifs. Ce faisant, nous mettrons notamment l’accent sur un renforcement supplémentaire de la coordination bilatérale par le biais du mécanisme de coordination de l'alliance, les missions de l’alliance en temps de paix, l'approfondissement de la coopération nippo - américaine pour une gestion efficace des capacités de contre-attaque du Japon, la coopération dans les domaines de l’espace, du cyberespace et la sécurité de l’information, la coopération technique pour assurer à l'alliance son avantage concurrentiel ou encore le co-investissement en faveur des technologies émergentes. Nous poursuivrons également nos efforts pour préserver la crédibilité et la résilience de la dissuasion étendue américaine. Enfin, nous continuerons d'optimiser le dispositif des forces américaines au Japon et ferons notre possible pour alléger la charge sur la population locale et transférer dès que possible la base aérienne de Futenma à Henoko, tout en assurant une présence stable des forces américaines au Japon.
Grâce à la version économique de la « Réunion 2+2 » lancée l'année dernière, nous traiterons ensemble de thématiques diplomatiques, sécuritaires et économiques, renforçant ainsi la collaboration entre nos deux pays sur des sujets communs, comme la sécurité économique ou le maintien et le renforcement d'un ordre économique basé sur des règles.
Nous renforçons également notre coopération dans ce même domaine avec les pays européens, l'UE et l'OTAN. L'année dernière, le Premier ministre KISHIDA a assisté à un sommet de l'OTAN, une première pour un Premier ministre du Japon, et j’ai été le premier ministre des Affaires étrangères du Japon à assister à une réunion des ministres des Affaires étrangères des pays de l’OTAN. Nous voyons également des avancées dans notre coopération avec les états européens en matière de sécurité et de défense : annonce en décembre dernier d’un accord sur une collaboration tripartite (Italie, Japon, Royaume-Uni) pour le développement d’un avion de combat de nouvelle génération, signature en janvier de cette année d’un accord d'accès réciproque (RAA) entre le Japon et le Royaume-Uni, etc. Nous continuerons de promouvoir une coopération concrète en vue d'un engagement des états européens, de l'UE et de l'OTAN en Indopacifique.
Concernant le désarmement et la non-prolifération nucléaires, nous continuerons de nous appuyer sur la relation de confiance que nous avons développée avec notre allié américain pour promouvoir des efforts réalistes et efficients en vue de la réalisation d'un monde sans armes nucléaires, conformément au « Hiroshima Action Plan » présenté en août 2022 par le Premier ministre KISHIDA. Tout en poursuivant les initiatives destinées à favoriser un élan international en faveur d’un monde sans armes nucléaires, comme le « comité international des sages », nous approfondirons également les échanges avec les membres du G7 et d’autres acteurs pour pouvoir envoyer un message fort lors du Sommet du G7 à Hiroshima.
IV. Diplomatie de proximité
Pour maintenir la paix et la sécurité au niveau nationale et régional, nous établirons des relations stables avec nos voisins tout en abordant de front les sujets épineux qui existent entre nous.
Si des potentialités existent entre le Japon et la Chine, nous avons aussi de nombreux défis et problématiques : tentatives unilatérales de la Chine de modifier le statu quo par la force en mers de Chine orientale et méridionale comme dans les eaux autour des Senkaku, série d'opérations militaires chinoises autour de Taïwan et, surtout, le lancement de missiles balistiques dans la zone économique exclusive (ZEE) et dans les eaux limitrophes du Japon. La paix et la stabilité du détroit de Taiwan sont également essentielles. Le Gouvernement du Japon est également très préoccupé par la situation à Hong Kong et par la question des droits de l'Homme dans la région autonome ouïgoure du Xinjiang. Dans le même temps, le Japon et la Chine ont tous deux une grande responsabilité vis-à-vis de la paix et de la prospérité régionales comme internationales. Avec la Chine, nous continuerons de revendiquer ce qui doit l’être et d’insister pour qu’elle agisse de manière responsable. Dans le même temps, nous multiplierons les échanges, y compris sur les sujets épineux, car il est important que le Japon et la Chine accélèrent leurs efforts pour bâtir une « relation constructive et stable », dans laquelle nous coopérerons sur les questions d’intérêt commun.
La République de Corée (Corée du Sud) est un voisin important avec qui nous devons coopérer dans nos réponses à différents défis globaux. Au regard de différentes problématiques comme la question de la Corée du Nord, il ne fait aucun doute que nous devons renforcer nos collaborations stratégiques avec la Corée du Sud ainsi que dans un cadre tripartite (Corée du Sud - Japon - États-Unis), y compris en matière de sécurité et défense. Il est nécessaire de restaurer des relations saines avec la Corée du Sud voire de les développer davantage, en se reposant sur les liens d’amitié et de coopération que nos deux pays ont construits depuis la normalisation de leurs relations diplomatiques. Forts des résultats du sommet Japon - Corée du Sud de novembre 2022, le Japon maintiendra des échanges étroits avec le Gouvernement sud-coréen, à l’instar de ceux que j’ai avec le ministre des Affaires étrangères PARK. Enfin, l’île de Takeshima fait partie intégrante du territoire national du Japon, tant au regard du droit international que des faits historiques. C’est la position fondamentale à laquelle nous resterons attachés dans la gestion de cette question.
Concernant nos relations avec la Russie, nous agirons de manière à protéger les intérêts nationaux du Japon. Les relations entre nos deux pays sont difficiles suite à l'agression russe contre l'Ukraine et nous ne pouvons actuellement parler de perspectives concernant des négociations de paix. Mais le Japon se tiendra fermement à sa ligne directrice de résoudre la question des Territoires du Nord et de conclure un traité de paix avec la Russie. De même, la reprise des programmes d'échange dans les quatre îles composant les Territoires du Nord, comme les visites de recueillement sur les tombes des anciens habitants japonais, représente l'une des priorités essentielles des futures relations entre nos deux pays.
S’agissant de la Corée du Nord, le Japon vise à normaliser ses relations par la résolution globale des questions restées en suspens (enlèvements, programme nucléaire et balistique) et le règlement de notre passé malheureux. La question des enlèvements, qui reste une priorité absolue du Gouvernement, est une question humanitaire pour laquelle nous sommes limités dans le temps. Nous n’avons pas de temps à perdre pour la résoudre. Nous agirons avec détermination et sans limiter nos efforts pour réaliser le plus rapidement possible le retour de toutes les personnes enlevées.
V. Réponse aux défis communs de l'humanité
Pour que l'ordre international que nous défendons soit digne de la confiance de la population mondiale, nous devons jouer un rôle clé dans la réponse à apporter aux défis de l'humanité. Les pays en développement, qui représentent la majorité de la communauté internationale, appréhendent avec difficulté un développement stable alors que nous voyons une complexification de la situation internationale et une aggravation des défis globaux. Dans un tel contexte, nous renforcerons davantage notre aide publique au développement (APD) - un de nos outils diplomatiques majeurs - en restant fidèle au concept de sécurité humaine pour une nouvelle ère, et, par une utilisation efficace et stratégique de cette dernière, nous accélèrerons les initiatives en faveur de la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD) et d’un « Indopacifique libre et ouvert ». À cette fin, nous procéderons au cours du premier semestre 2023 à une révision de la Charte pour la Coopération au Développement.
Face à la flambée des prix des produits alimentaires causée par l'agression russe contre l'Ukraine, nous agirons pour aider les pays vulnérables par le biais de diverses instances comme le processus de la TICAD, conjugué à une collaboration avec les organisations internationales et les pays partenaires.
Le changement climatique, qui concerne l'ensemble de l'humanité, représente un défi majeur sur lequel la communauté internationale doit collaborer dans son ensemble. Au regard de la situation en Ukraine, nous avons appris l’importance de conjuguer action climatique et renforcement de la sécurité énergétique. En nous appuyant sur les résultats de la COP27 de novembre dernier, nous continuerons d’agir sur les défis climatiques et demanderons à l’ensemble des pays signataires des actions supplémentaires, notamment des efforts pour la réduction des émissions de CO2 en accord avec l'objectif de limiter l’augmentation de la température à 1,5 °C.
La santé mondiale est un sujet essentiel qui est directement lié à la santé des personnes, mais relève également des domaines économique, sociétal et sécuritaire. En s’inspirant des leçons tirées de la pandémie de la COVID-19 et dans l’optique d’instaurer une couverture sanitaire universelle (CSU), nous prendrons l’initiative pour renforcer l'architecture sanitaire internationale qui contribuera ainsi à améliorer la prévention, la préparation et la réponse (PPR) des futures crises sanitaires, ainsi que des réponses aux défis sanitaires mondiaux retardées par la COVID-19.
Le Japon s’attèlera également aux problématiques liées à la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD) : pollution plastique, préservation de la biodiversité, aggravation des crises humanitaires, populations réfugiées et déplacées, terrorisme et extrémisme violent, promotion de l'égalité femmes - hommes.
Pour protéger la valeur fondamentale que représentent les droits humains, nous développerons notre propre diplomatie en la matière en nous prononçant clairement contre les graves violations de ces droits et en soutenant les pays dans leurs efforts par « le dialogue et la coopération ».
Pour obtenir de manière continue des résultats concrets sur les thématiques susmentionnées, il est indispensable de garantir une structure réactive pour le déploiement de notre diplomatie ainsi que d'améliorer l'environnement professionnel et les revenus de base de nos personnels basés à l'étranger, qui sont en première ligne de notre action diplomatique. Nous tâcherons notamment d'améliorer les différentes allocations impactées par les fluctuations du taux de change et l'augmentation du coût de la vie. En outre, nous travaillerons à renforcer drastiquement notre dotation en personnel, notre base financière - qui comprend un renforcement de l'APD -, la structure de déploiement de notre diplomatie - y compris la promotion de la transition numérique (DX) - et un engagement dans la communication stratégique. Dans le même temps, nous ferons en sorte d’augmenter le nombre de Japonais travaillant au sein des organisations internationales, de favoriser la formation d’amoureux et de connaisseurs du Japon, et de renforcer la coopération avec les communautés nikkei. En outre, le Ministère des Affaires étrangères du Japon veillera à remplir pleinement son rôle dans l'inscription du « complexe minier de l’île de Sado » au patrimoine mondial de l’humanité. Avec la reprise des échanges internationaux qui a suivi l'assouplissement de contrôle sanitaire aux frontières, nous continuerons de faire le maximum pour assurer la sécurité de nos ressortissants à l'étranger.
J’en appelle au soutien et à la coopération des membres de la Diète ainsi que de tous nos concitoyens.
Traduction provisoire et purement informative