Discours de politique étrangère de la ministre KAMIKAWA à la 213e session de la Diète
2024/1/30
En préambule de mon discours de politique étrangère, je souhaiterais rendre hommage aux victimes du séisme de 2024 dans la Péninsule de Noto et exprimer mes condoléances à leurs familles ainsi que ma sympathie aux personnes blessées ou frappées par cette catastrophe. Je tiens également à remercier les nombreux pays, territoires et organisations internationales qui nous ont témoigné leur sympathie et leur soutien à cette occasion.
Permettez-moi maintenant de vous présenter la politique étrangère du Japon à l’occasion de la tenue de cette 213e session parlementaire.
Aperçu de la situation internationale
Le monde est désormais à un tournant historique, situation que je constate personnellement chaque jour.
L’ordre international libre et ouvert fondé sur l’État de droit est remis sérieusement en question par l’agression continue de l’Ukraine par la Russie. De même, alors que la communauté internationale continue de se diversifier du fait du poids grandissant des pays émergents et en développement composant le « Sud global (Global South) », nous devons répondre à de nombreux défis en dépassant les notions de frontières et de valeurs.
Considérant l’appréciation de la communauté internationale des résultats obtenus par la présidence japonaise du G7 l’année dernière, le Japon continuera de maintenir et renforcer un ordre international libre et ouvert fondé sur l’État de droit afin que l’humanité dans son ensemble puisse bénéficier de la paix et de la prospérité et déploiera une diplomatie destinée à concrétiser un monde sûr, sécurisé et respectueux de la « dignité humaine », conformément au principe des Objectifs de développement durable (ODD) de « ne laisser personne pour compte ».
En outre, la diplomatie que je mettrai en place s’inscrira selon trois orientations majeures : garantir les intérêts nationaux du Japon, renforcer sa position dans le monde, rester à l’écoute de nos concitoyens et mener une diplomatie qui soit comprise et soutenue par la population.
Déplacements à l’étranger du début 2024 et programme « Femmes, Paix et Sécurité » (FPS)
En ce début d’année, je me suis rendue en Europe, en Amérique du Nord et en Turquie, où j’ai assuré la coopération du Japon avec les différents pays ainsi qu’avec les cours de justice internationales sur des sujets tels que le maintien et le renforcement de l’ordre libre et ouvert fondé sur l’État de droit, le soutien à l’Ukraine, la situation au Moyen-Orient, le programme « Femmes, Paix et Sécurité (FPS) » ou encore l’Arctique et les espaces maritimes.
S’agissant du programme FPS, j’ai souligné son importance et signifié notre ferme soutien à cette question qui constitue l’un des grands dossiers de notre diplomatie. Un groupe de travail a été mis en place au sein du ministère afin de promouvoir le programme FPS en utilisant tous les outils disponibles.
Réponse à la situation au Moyen-Orient
La situation au Moyen-Orient demeure incertaine. Tout en maintenant notre condamnation absolue des attaques terroristes menées notamment par le Hamas, la situation humanitaire dans la Bande de Gaza ne cesse de nous inquiéter. J’ai personnellement œuvré en faveur d’une amélioration de la situation humanitaire, d’une désescalade rapide de la situation et éviter une extension régionale du conflit.
En novembre dernier, je me suis rendue dans la région avant d’organiser la réunion des ministres des Affaires étrangères du G7 et ai redoublé d’efforts pour la publication d’une déclaration des ministres des Affaires étrangères du G7. Pour permettre au Conseil de sécurité de remplir ses obligations, nous avons œuvré à l’adoption de la résolution 2712 (2023) axée sur la protection des enfants gazaouis et de la résolution 2720 (2023) sur l’élargissement et le contrôle de l’aide humanitaire à Gaza.
Le Japon œuvrera à l’amélioration de la situation humanitaire dans la Bande de Gaza par le biais notamment de son soutien continu aux organisations internationales. Pour faire en sorte que la tragédie actuelle ne se reproduise plus, le moment est venu pour le Japon de collaborer avec les États-Unis et les autres pays concernés pour contribuer activement à la mise en place de la « solution à deux États » que le Japon a toujours soutenue.
Favoriser l’État de droit
L’État de droit constitue le fondement de la paix et de la prospérité. Lors de mes récents déplacements à la Cour internationale de justice, à la Cour pénale internationale et au Tribunal international du droit de la mer, j’ai réaffirmé le soutien du Japon aux missions de ces institutions. Nous déploierons de manière exhaustive une diplomatie visant à renforcer l’État de droit au niveau international sur la base du dialogue et de la coopération.
Promotion d’un « Indopacifique libre et ouvert (FOIP) », collaboration avec les pays alliés et affinitaires
La réalisation d’un « Indopacifique libre et ouvert (FOIP) » représente l’un des dossiers prioritaires de la diplomatie japonaise. Forts de cette vision, nous collaborerons avec nos alliés et les États affinitaires à l’élargissement de nos coopérations en la matière. La stabilité et la prospérité de l’ASEAN sont essentielles pour le Japon comme pour l’ensemble de la région indopacifique. Nous travaillerons à la mise en place d’une nouvelle vision de coopération et de projets collaboratifs concrets dans de multiples domaines tels que présentés lors du sommet spécial célébrant les 50 ans de l’amitié et de la coopération Japon – ASEAN en décembre dernier, et continuerons ainsi de renforcer davantage nos liens.
Sur le Dialogue quadrilatéral (« Quad ») (Japon – Australie – Inde – États-Unis), dont le Japon assurant la présidence de la réunion des ministres des Affaires étrangères cette année, nous favoriserons les coopérations effectives en faveur de la réalisation du FOIP qui bénéficieront véritablement aux États de la région.
Nous continuerons de développer les coopérations entre le Japon, les États-Unis et la République de Corée (Corée du Sud) compte tenu des résultats du sommet trilatéral à Camp David (États-Unis) en août 2023.
Enfin, la question sécuritaire dans la zone euro-atlantique et dans l’Indopacifique étant indissociable, nous continuerons aussi de renforcer nos collaborations avec les États européens, l’Union européenne et l’OTAN.
Réponse à l’agression contre l’Ukraine
L’agression de l’Ukraine par la Russie est un acte scandaleux qui ébranle les fondements de l’ordre international. Ce mois-ci, je me suis rendue en Ukraine, où j’ai constaté de visu les traces encore vivaces de l’agression russe et réaffirmé notre refus absolu de tout changement unilatéral du statu quo par la force. De même, nous ne devons tolérer aucune menace nucléaire de la Russie ni aucune utilisation de ces armes.
Nous continuerons d’apporter notre plein soutien aux sanctions contre la Russie ainsi que l’aide à l’Ukraine en collaboration avec la communauté internationale, et ce, afin de mettre rapidement fin à l’agression russe et de réaliser une paix juste et durable en Ukraine.
Nous favoriserons les actions conjuguées du secteur public et privé en vue du rétablissement et de la reconstruction de l’Ukraine. Forts des diverses réalisations telles que la mission économique de novembre dernier, nous accélérons les préparatifs de la conférence Japon – Ukraine sur le redressement économique de l’Ukraine (Japan-Ukraine Conference for Promotion of Economic Reconstruction) prévue le mois prochain.
Initiatives pour assurer la sécurité du Japon et du reste de la région
Le Japon étant désormais confronté à l’environnement sécuritaire le plus complexe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, nous userons de la diplomatie pour garantir l’intégrité de notre espace terrestre, maritime et aérien et préserver les vies et les biens de nos concitoyens.
Des initiatives propres au Japon
La Stratégie de sécurité nationale (National Security Strategy ou NSS) identifie en premier lieu les capacités diplomatiques du Japon comme un élément fondamental de sa sécurité globale. En associant diplomatie et défense nationale, le Japon développera une politique d’ensemble en matière de relations étrangères et de défense en combinant de manière organique et effective les divers aspects qui font la réputation de notre soft power : une économie solide, des capacités technologiques avancées ou encore la richesse de sa culture.
En outre, nous poursuivrons la mise en place d’une aide publique à la sécurité (Official Security Assistance ou OSA) et œuvrerons activement à la promotion de la cybersécurité et de la sécurité économique.
S’agissant de la guerre de l’information à l'échelle mondiale dans la sphère cognitive au moyen de la manipulation de l’information, y compris la diffusion de la désinformation, nous procéderons à la collecte et l’analyse de données sous différents angles pour une diffusion au moment le plus opportun, tout en construisant et en renforçant notre infrastructure de sécurité de l'information.
Renforcement de l’alliance nippo-américaine
L’alliance nippo-américaine constitue la pierre angulaire de la diplomatie et de la politique sécuritaire du Japon ainsi que le socle de la paix et de la prospérité de la région indopacifique. Nous travaillerons au renforcement accru des capacités de dissuasion et de projection de l’alliance nippo-américaine, au maintien et au renforcement de la crédibilité et de la résilience de la dissuasion élargie ainsi qu’aux actions destinées à optimiser la présence des Forces américaines au Japon. Dans le même temps, nous ferons tout ce qui est nécessaire pour limiter l’impact sur les populations locales et assurer une présence stable des Forces américaines au Japon avec, notamment, le transfert sur le site de Henoko de la base aérienne américaine de Futenma dans l’optique de la restitution de l’ensemble du site au Japon.
Nous développerons et approfondirons aussi nos coopérations avec les États-Unis en matière économique dans une perspective stratégique, en tenant également compte des discussions de la deuxième réunion ministérielle nippo - américaine sur la politique économique (un « 2+2 » au format économique) en novembre dernier.
Diplomatie économique : ouverture de nouvelles frontières
Afin d’asseoir la présence du Japon dans le monde par la force et la souplesse de sa puissance économique, nous ouvrirons de nouvelles frontières en matière de diplomatie économique en mettant l’accent sur les partenariats public – privé et en impliquant l’ensemble des acteurs du secteur y compris les startups.
Avant tout, il est important d’agir en faveur du maintien et de la diffusion d’un ordre économique libre, équitable et basé sur des règles.
De nombreuses questions restent à traiter : la réforme de l’OMC pour renforcer le système commercial multilatéral, le maintien et le renforcement des hauts standards de l’Accord de Partenariat transpacifique global et progressiste (CPTPP), l’assurance d’une mise en place du cadre de transparence de l’accord de partenariat économique régional global (Regional Comprehensive Economic Partnership ou RCEP), la réalisation d’une croissance durable et inclusive pour la zone indopacifique par le biais du cadre économique pour l’Indopacifique (Indo-Pacific Economic Framework for Prosperity ou IPEF), l’établissement de règles internationales relatives aux domaines innovants comme l’intelligence artificielle (IA) ou la libre circulation des données en toute confiance (data free flow with trust ou DFFT).
L’année 2024 marquant les 60 ans de l’adhésion du Japon à l’OCDE et le Japon assurant la présidence de la Réunion annuelle au niveau des Ministres en mai, il aura tout particulièrement à cœur de montrer son leadership.
En outre, la sécurité économique représente désormais un axe majeur de la diplomatie de cette nouvelle ère. Nous accentuerons donc notre action en matière de résilience des chaînes d’approvisionnement ou de réponse aux coercitions économiques par une collaboration accrue avec nos alliés et les pays affinitaires, en utilisant notre APD et à travers une collaboration étroite des secteurs public et privé.
Désormais, l’économie japonaise devra tirer parti de la croissance des pays émergents et en développement qui composent le « Sud global (Global South) ». Nous déploierons ainsi une diplomatie économique affinée, stratégique et qui prenne suffisamment en considération les particularités et les enjeux de chaque région.
Notre époque nous incite à tendre vers l’association et l’intégration de la durabilité sociale et environnementale avec l’économie. Avec la participation active du secteur privé dans la poursuite des Objectifs de développement durable et la réalisation de sa croissance économique, le Japon agit pour créer un cercle vertueux où la société bénéficie des fruits de la croissance.
Pour ce faire, nous mettrons en place dans le cadre de la Charte de coopération au développement des coopérations sur la base de propositions de projets (offer-type cooperation) ou encore des APD de type « mobilisation de capitaux privés (private capital mobilization-type) », qui génèreront une croissance de haute qualité dans les pays en développement et auront également une incidence positive sur la croissance japonaise.
En soutenant activement le développement à l’international des entreprises japonaises, l’accroissement des exportations de produits alimentaires japonais et le développement des investissements directs étrangers au Japon, nos missions diplomatiques à l’étranger apporteront une assistance aux entreprises japonaises en améliorant notamment l’environnement des investissements et encourageront efficacement les investissements vers le Japon. Enfin, nous favoriserons les coopérations entre les entreprises japonaises et étrangères dans les pays tiers pour élargir le champ des opportunités professionnelles.
Nous œuvrerons vigoureusement au succès de l’EXPO 2025 Osaka-Kansaï et de l’Exposition Internationale Horticole 2027 Yokohama.
S’agissant de la sûreté des rejets en mer de l’eau traitée par ALPS, nous continuerons de collaborer étroitement avec l’AIEA et de fournir des informations détaillées tant au niveau national qu’international avec un haut degré de transparence et sur la base de preuves scientifiques.
Relations avec les États voisins
Afin de maintenir la paix et la prospérité au Japon et dans le reste de la région, nous établirons des relations stables avec nos voisins pour attaquer de front nos problématiques complexes.
Faisant suite à la rencontre au sommet Japon – Chine de novembre dernier, je me suis également entretenue lors d’une réunion ministérielle avec mon homologue chinois WANG Yi.
Si la Chine et le Japon recèlent de nombreux potentiels, ils entretiennent également divers enjeux et problématiques comme les tentatives unilatérales de modifier le statu quo autour des îles Senkaku ainsi que dans les mers de Chine orientale et méridionale ou encore la série d’opérations militaires autour du territoire japonais, certaines en coordination avec la Russie. De même, il est important de maintenir la paix et la stabilité le long du détroit de Taïwan. Nous sommes aussi très inquiets de la situation des droits de l’homme en Chine ainsi que de la situation à Hong-Kong.
Dans le même temps, le Japon et la Chine ont tous deux une responsabilité importante vis-à-vis de la paix et la stabilité régionales et internationales. Tout en développant pleinement avec la Chine une « relation mutuellement bénéfique fondée sur des intérêts stratégiques communs », nous revendiquerons ce qui doit l’être et insisterons pour qu’elle agisse de manière responsable. Il est essentiel que le Japon et la Chine travaillent ensemble à l’édification d’une « relation constructive et stable entre les deux pays », où ils veillent à multiplier les discussions, y compris sur les questions laissées en suspens, et coopèrent sur des défis communs.
Dans ce contexte, nous continuerons de demander à la Chine de lever sans attendre ses restrictions aux importations de produits alimentaires japonais.
Nous multiplierons les échanges suivis à différents niveaux avec cet important voisin qu’est la République de Corée (Corée du Sud), afin d’élargir le champ de nos coopérations et d’œuvrer en qualité de partenaires à l’instauration d’une nouvelle ère de nos relations bilatérales.
Compte tenu de l’environnement sécuritaire tendu en Indopacifique, une coopération étroite entre nos deux pays est plus nécessaire que jamais. Maintenant que nos relations connaissent une amélioration, nous renforcerons aussi davantage nos collaborations relatives aux enjeux globaux.
Concernant Takeshima, la réponse du Japon reste inchangée et se fonde sur la position essentielle que cet archipel fait partie intégrante du territoire japonais tant du point de vue de la réalité historique que du droit international.
Dans une perspective générale, la coopération trilatérale entre le Japon, la Chine et la Corée du Sud est importante pour la paix et la stabilité régionales voire internationales. Forts des discussions menées lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères de novembre dernier, nous soutiendrons les initiatives de la présidence pour l’organisation rapide et au moment le plus opportun d’un sommet trilatéral.
S’agissant de la Russie, nous maintiendrons une réponse qui garantisse les intérêts nationaux du Japon. Les relations nippo – russes demeurent compliquées du fait de l’agression russe contre l’Ukraine, mais le Gouvernement du Japon reste attaché à sa volonté politique de résoudre la question des Territoires du Nord et de signer un traité de paix.
Sur les sujets nécessitant une réponse du Japon et de la Russie du fait de leur proximité géographique, à l’instar des activités économiques comme la pêche ou des problématiques liées à la sécurité maritime, le Japon usera de tout son appareil diplomatique pour apporter des réponses appropriées dans l’optique de garantir nos intérêts nationaux.
La reprise des programmes d’échanges dans les quatre îles composant les Territoires du Nord constitue l’une des priorités majeures de nos relations bilatérales. Nous continuerons de réclamer la reprise de ces programmes en insistant désormais tout particulièrement sur les visites de recueillement sur les tombes des anciens résidents japonais.
La Corée du Nord a clairement signifié sa volonté d’intensifier ses activités nucléaires et balistiques. Nous ne devons en aucune façon tolérer des actes tels que les lancements de missiles balistiques, qui constituent une violation des résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies. Nous sommes également inquiets du renforcement de la coopération militaire entre la Russie et la Corée du Nord. Le Japon continuera donc de collaborer avec la communauté internationale, notamment dans un cadre bilatéral Japon – États-Unis et trilatéral Japon – États-Unis – Corée du Sud.
Le Japon entend normaliser ses relations diplomatiques avec la Corée du Nord en résolvant de manière exhaustive les problématiques liées aux enlèvements ainsi qu’à son programme nucléaire et balistique sur la base de la Déclaration de Pyongyang (Japan-DPRK Pyongyang Declaration) et en réglant notre « passé malheureux ».
Avec le vieillissement des familles des personnes enlevées, cette question humanitaire est limitée dans le temps et ne saurait souffrir aucun retard. Nous ne limiterons aucun effort pour permettre le retour le plus rapide au Japon de toutes les victimes des enlèvements.
Coopération relative aux enjeux globaux
Nous sommes confrontés à une pléthore d’enjeux qui nous concernent tous comme le changement climatique, les questions environnementales, les problématiques alimentaires et énergétiques, la santé mondiale, la question démographique, le problème des réfugiés ou encore l’utilisation durable des espaces marins.
Pour répondre à ces enjeux, les missions premières des Nations Unies revêtent une importance accrue. Nous devons donc travailler à un renforcement des fonctions onusiennes, comme la réforme du Conseil de sécurité. Le Japon entend également mener des discussions dynamiques sur ces thématiques majeures en mars, quand il assurera la présidence du Conseil.
En septembre prochain, les Nations Unies organiseront le Sommet de l’avenir (Summit of the Future), qui sera l’occasion de revenir au principe fondamental de « dignité humaine » et d’initier une « coopération internationale centrée sur l’Homme » reposant sur le principe de sécurité humaine. Nous contribuerons activement aux initiatives internationales visant à la réalisation intégrale des Objectifs de développement durable d’ici 2030. De même, nous favoriserons les mesures permettant aux personnels japonais de jouer un rôle accru au sein des organisations internationales.
L’année 2024 célébrant les « 70 ans de la coopération internationale japonaise », nous saisirons cette occasion pour communiquer activement sur le sens profond et les perspectives de notre APD, l’un de nos outils diplomatiques les plus importants, et en approfondir la compréhension du public.
Parallèlement à cela, nous agirons en faveur de la réalisation d’un monde sans armes nucléaires, d’une diplomatie des droits de l'homme fidèle à nos principes, de la construction de la paix ou encore de la lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée.
Nous poursuivrons et renforcerons les actions réalistes et effectives en matière de désarmement et de non-prolifération nucléaires en mettant en place chacune des mesures du plan d’action de Hiroshima (Hiroshima Action Plan).
De nouvelles possibilités pour la diplomatie japonaise
En plus de ces initiatives, le Japon entend créer de nouvelles possibilités pour sa diplomatie.
Maintenant que les coopérations interétatiques sont devenues plus difficiles à mettre en place, nous devons développer les actions impliquant de nombreux acteurs, dont les adolescents, et émancipées des barrières comme les frontières nationales et territoriales ou le genre. Nous renforcerons aussi notre action au Japon même, en associant à notre action diplomatique les échanges avec les ambassadeurs étrangers en poste à Tôkyô. Nous continuerons ainsi d’accorder toute notre attention à ces initiatives de « diplomatie de rayonnement (outreach diplomacy) ».
Nous ferons pleinement usage de notre soft power, comme les attraits offerts par la culture, les sciences et la technologie japonaises.
Nous encouragerons une meilleure compréhension du Japon et favoriserons la communication stratégique à destination des autres pays, y compris à travers le Partenariat pour co-créer un avenir avec la prochaine génération (Partnership to Co-Create a Future with the Next Generation : WA Project 2.0) présenté lors du sommet spécial célébrant les 50 ans de l’amitié et de la coopération ASEAN – Japon. Nous continuerons de remplir notre rôle en vue de l’inscription sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO des mines d’or de l’île de Sado en menant des discussions approfondies avec les pays concernés.
En outre, nous renforcerons nos liens avec les communautés nikkei (immigrés et descendants d’immigrés japonais) du monde entier.
« Les individus sont la clé de la diplomatie ». Afin d’assurer la réalisation efficiente des actions citées précédemment, il est indispensable de renforcer l’organisation de notre machine diplomatique.
Nous procéderons à un renforcement drastique de notre réseau diplomatique et consulaire à travers notamment l’amélioration de l’environnement professionnel et le renforcement des conditions de vie de nos agents à l’étranger, le renforcement de notre organisation fonctionnelle, la consolidation de l’assise financière ou encore la poursuite de la transformation numérique (DX) et d’une réforme de la gestion du travail.
Pour permettre une réaction rapide et souple lors des situations d’urgence, avec en premier lieu la protection des ressortissants japonais, nous poursuivrons la résilience de nos missions diplomatiques et consulaires et développerons les structures de gestion de crise, y compris sur le plan fonctionnel.
Conclusion
Cette année verra l’organisation d’élections importantes dans différentes parties du monde, impliquant un bouleversement de la situation internationale. Dans ce contexte, le Japon compte accueillir plusieurs rencontres internationales importantes comme le 10e Sommet des dirigeants des îles du Pacifique ou la réunion ministérielle de la TICAD. Il renforcera également ses liens avec les pays d’Amérique latine et des Caraïbes, le Brésil assurant la présidence du G20 et le Pérou celle de l’APEC en 2024.
Je suis consciente de la haute estime et des grandes attentes que la communauté internationale place dans le Japon, par le statut de nation pacifique qu’il a érigé au cours des quelques 80 années depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Afin de répondre à cette confiance et ces attentes, je continuerai de me dépasser cette année encore en prêtant attention aux voix de nos concitoyens et en m’efforçant d’obtenir leur compréhension et leur soutien.
Mesdames et Messieurs les parlementaires. Chers concitoyens. Je compte sur votre compréhension et votre soutien continu.
Traduction provisoire et purement informative
Article original (en japonais)
Article original (en anglais)
Permettez-moi maintenant de vous présenter la politique étrangère du Japon à l’occasion de la tenue de cette 213e session parlementaire.
Aperçu de la situation internationale
Le monde est désormais à un tournant historique, situation que je constate personnellement chaque jour.
L’ordre international libre et ouvert fondé sur l’État de droit est remis sérieusement en question par l’agression continue de l’Ukraine par la Russie. De même, alors que la communauté internationale continue de se diversifier du fait du poids grandissant des pays émergents et en développement composant le « Sud global (Global South) », nous devons répondre à de nombreux défis en dépassant les notions de frontières et de valeurs.
Considérant l’appréciation de la communauté internationale des résultats obtenus par la présidence japonaise du G7 l’année dernière, le Japon continuera de maintenir et renforcer un ordre international libre et ouvert fondé sur l’État de droit afin que l’humanité dans son ensemble puisse bénéficier de la paix et de la prospérité et déploiera une diplomatie destinée à concrétiser un monde sûr, sécurisé et respectueux de la « dignité humaine », conformément au principe des Objectifs de développement durable (ODD) de « ne laisser personne pour compte ».
En outre, la diplomatie que je mettrai en place s’inscrira selon trois orientations majeures : garantir les intérêts nationaux du Japon, renforcer sa position dans le monde, rester à l’écoute de nos concitoyens et mener une diplomatie qui soit comprise et soutenue par la population.
Déplacements à l’étranger du début 2024 et programme « Femmes, Paix et Sécurité » (FPS)
En ce début d’année, je me suis rendue en Europe, en Amérique du Nord et en Turquie, où j’ai assuré la coopération du Japon avec les différents pays ainsi qu’avec les cours de justice internationales sur des sujets tels que le maintien et le renforcement de l’ordre libre et ouvert fondé sur l’État de droit, le soutien à l’Ukraine, la situation au Moyen-Orient, le programme « Femmes, Paix et Sécurité (FPS) » ou encore l’Arctique et les espaces maritimes.
S’agissant du programme FPS, j’ai souligné son importance et signifié notre ferme soutien à cette question qui constitue l’un des grands dossiers de notre diplomatie. Un groupe de travail a été mis en place au sein du ministère afin de promouvoir le programme FPS en utilisant tous les outils disponibles.
Réponse à la situation au Moyen-Orient
La situation au Moyen-Orient demeure incertaine. Tout en maintenant notre condamnation absolue des attaques terroristes menées notamment par le Hamas, la situation humanitaire dans la Bande de Gaza ne cesse de nous inquiéter. J’ai personnellement œuvré en faveur d’une amélioration de la situation humanitaire, d’une désescalade rapide de la situation et éviter une extension régionale du conflit.
En novembre dernier, je me suis rendue dans la région avant d’organiser la réunion des ministres des Affaires étrangères du G7 et ai redoublé d’efforts pour la publication d’une déclaration des ministres des Affaires étrangères du G7. Pour permettre au Conseil de sécurité de remplir ses obligations, nous avons œuvré à l’adoption de la résolution 2712 (2023) axée sur la protection des enfants gazaouis et de la résolution 2720 (2023) sur l’élargissement et le contrôle de l’aide humanitaire à Gaza.
Le Japon œuvrera à l’amélioration de la situation humanitaire dans la Bande de Gaza par le biais notamment de son soutien continu aux organisations internationales. Pour faire en sorte que la tragédie actuelle ne se reproduise plus, le moment est venu pour le Japon de collaborer avec les États-Unis et les autres pays concernés pour contribuer activement à la mise en place de la « solution à deux États » que le Japon a toujours soutenue.
Favoriser l’État de droit
L’État de droit constitue le fondement de la paix et de la prospérité. Lors de mes récents déplacements à la Cour internationale de justice, à la Cour pénale internationale et au Tribunal international du droit de la mer, j’ai réaffirmé le soutien du Japon aux missions de ces institutions. Nous déploierons de manière exhaustive une diplomatie visant à renforcer l’État de droit au niveau international sur la base du dialogue et de la coopération.
Promotion d’un « Indopacifique libre et ouvert (FOIP) », collaboration avec les pays alliés et affinitaires
La réalisation d’un « Indopacifique libre et ouvert (FOIP) » représente l’un des dossiers prioritaires de la diplomatie japonaise. Forts de cette vision, nous collaborerons avec nos alliés et les États affinitaires à l’élargissement de nos coopérations en la matière. La stabilité et la prospérité de l’ASEAN sont essentielles pour le Japon comme pour l’ensemble de la région indopacifique. Nous travaillerons à la mise en place d’une nouvelle vision de coopération et de projets collaboratifs concrets dans de multiples domaines tels que présentés lors du sommet spécial célébrant les 50 ans de l’amitié et de la coopération Japon – ASEAN en décembre dernier, et continuerons ainsi de renforcer davantage nos liens.
Sur le Dialogue quadrilatéral (« Quad ») (Japon – Australie – Inde – États-Unis), dont le Japon assurant la présidence de la réunion des ministres des Affaires étrangères cette année, nous favoriserons les coopérations effectives en faveur de la réalisation du FOIP qui bénéficieront véritablement aux États de la région.
Nous continuerons de développer les coopérations entre le Japon, les États-Unis et la République de Corée (Corée du Sud) compte tenu des résultats du sommet trilatéral à Camp David (États-Unis) en août 2023.
Enfin, la question sécuritaire dans la zone euro-atlantique et dans l’Indopacifique étant indissociable, nous continuerons aussi de renforcer nos collaborations avec les États européens, l’Union européenne et l’OTAN.
Réponse à l’agression contre l’Ukraine
L’agression de l’Ukraine par la Russie est un acte scandaleux qui ébranle les fondements de l’ordre international. Ce mois-ci, je me suis rendue en Ukraine, où j’ai constaté de visu les traces encore vivaces de l’agression russe et réaffirmé notre refus absolu de tout changement unilatéral du statu quo par la force. De même, nous ne devons tolérer aucune menace nucléaire de la Russie ni aucune utilisation de ces armes.
Nous continuerons d’apporter notre plein soutien aux sanctions contre la Russie ainsi que l’aide à l’Ukraine en collaboration avec la communauté internationale, et ce, afin de mettre rapidement fin à l’agression russe et de réaliser une paix juste et durable en Ukraine.
Nous favoriserons les actions conjuguées du secteur public et privé en vue du rétablissement et de la reconstruction de l’Ukraine. Forts des diverses réalisations telles que la mission économique de novembre dernier, nous accélérons les préparatifs de la conférence Japon – Ukraine sur le redressement économique de l’Ukraine (Japan-Ukraine Conference for Promotion of Economic Reconstruction) prévue le mois prochain.
Initiatives pour assurer la sécurité du Japon et du reste de la région
Le Japon étant désormais confronté à l’environnement sécuritaire le plus complexe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, nous userons de la diplomatie pour garantir l’intégrité de notre espace terrestre, maritime et aérien et préserver les vies et les biens de nos concitoyens.
Des initiatives propres au Japon
La Stratégie de sécurité nationale (National Security Strategy ou NSS) identifie en premier lieu les capacités diplomatiques du Japon comme un élément fondamental de sa sécurité globale. En associant diplomatie et défense nationale, le Japon développera une politique d’ensemble en matière de relations étrangères et de défense en combinant de manière organique et effective les divers aspects qui font la réputation de notre soft power : une économie solide, des capacités technologiques avancées ou encore la richesse de sa culture.
En outre, nous poursuivrons la mise en place d’une aide publique à la sécurité (Official Security Assistance ou OSA) et œuvrerons activement à la promotion de la cybersécurité et de la sécurité économique.
S’agissant de la guerre de l’information à l'échelle mondiale dans la sphère cognitive au moyen de la manipulation de l’information, y compris la diffusion de la désinformation, nous procéderons à la collecte et l’analyse de données sous différents angles pour une diffusion au moment le plus opportun, tout en construisant et en renforçant notre infrastructure de sécurité de l'information.
Renforcement de l’alliance nippo-américaine
L’alliance nippo-américaine constitue la pierre angulaire de la diplomatie et de la politique sécuritaire du Japon ainsi que le socle de la paix et de la prospérité de la région indopacifique. Nous travaillerons au renforcement accru des capacités de dissuasion et de projection de l’alliance nippo-américaine, au maintien et au renforcement de la crédibilité et de la résilience de la dissuasion élargie ainsi qu’aux actions destinées à optimiser la présence des Forces américaines au Japon. Dans le même temps, nous ferons tout ce qui est nécessaire pour limiter l’impact sur les populations locales et assurer une présence stable des Forces américaines au Japon avec, notamment, le transfert sur le site de Henoko de la base aérienne américaine de Futenma dans l’optique de la restitution de l’ensemble du site au Japon.
Nous développerons et approfondirons aussi nos coopérations avec les États-Unis en matière économique dans une perspective stratégique, en tenant également compte des discussions de la deuxième réunion ministérielle nippo - américaine sur la politique économique (un « 2+2 » au format économique) en novembre dernier.
Diplomatie économique : ouverture de nouvelles frontières
Afin d’asseoir la présence du Japon dans le monde par la force et la souplesse de sa puissance économique, nous ouvrirons de nouvelles frontières en matière de diplomatie économique en mettant l’accent sur les partenariats public – privé et en impliquant l’ensemble des acteurs du secteur y compris les startups.
Avant tout, il est important d’agir en faveur du maintien et de la diffusion d’un ordre économique libre, équitable et basé sur des règles.
De nombreuses questions restent à traiter : la réforme de l’OMC pour renforcer le système commercial multilatéral, le maintien et le renforcement des hauts standards de l’Accord de Partenariat transpacifique global et progressiste (CPTPP), l’assurance d’une mise en place du cadre de transparence de l’accord de partenariat économique régional global (Regional Comprehensive Economic Partnership ou RCEP), la réalisation d’une croissance durable et inclusive pour la zone indopacifique par le biais du cadre économique pour l’Indopacifique (Indo-Pacific Economic Framework for Prosperity ou IPEF), l’établissement de règles internationales relatives aux domaines innovants comme l’intelligence artificielle (IA) ou la libre circulation des données en toute confiance (data free flow with trust ou DFFT).
L’année 2024 marquant les 60 ans de l’adhésion du Japon à l’OCDE et le Japon assurant la présidence de la Réunion annuelle au niveau des Ministres en mai, il aura tout particulièrement à cœur de montrer son leadership.
En outre, la sécurité économique représente désormais un axe majeur de la diplomatie de cette nouvelle ère. Nous accentuerons donc notre action en matière de résilience des chaînes d’approvisionnement ou de réponse aux coercitions économiques par une collaboration accrue avec nos alliés et les pays affinitaires, en utilisant notre APD et à travers une collaboration étroite des secteurs public et privé.
Désormais, l’économie japonaise devra tirer parti de la croissance des pays émergents et en développement qui composent le « Sud global (Global South) ». Nous déploierons ainsi une diplomatie économique affinée, stratégique et qui prenne suffisamment en considération les particularités et les enjeux de chaque région.
Notre époque nous incite à tendre vers l’association et l’intégration de la durabilité sociale et environnementale avec l’économie. Avec la participation active du secteur privé dans la poursuite des Objectifs de développement durable et la réalisation de sa croissance économique, le Japon agit pour créer un cercle vertueux où la société bénéficie des fruits de la croissance.
Pour ce faire, nous mettrons en place dans le cadre de la Charte de coopération au développement des coopérations sur la base de propositions de projets (offer-type cooperation) ou encore des APD de type « mobilisation de capitaux privés (private capital mobilization-type) », qui génèreront une croissance de haute qualité dans les pays en développement et auront également une incidence positive sur la croissance japonaise.
En soutenant activement le développement à l’international des entreprises japonaises, l’accroissement des exportations de produits alimentaires japonais et le développement des investissements directs étrangers au Japon, nos missions diplomatiques à l’étranger apporteront une assistance aux entreprises japonaises en améliorant notamment l’environnement des investissements et encourageront efficacement les investissements vers le Japon. Enfin, nous favoriserons les coopérations entre les entreprises japonaises et étrangères dans les pays tiers pour élargir le champ des opportunités professionnelles.
Nous œuvrerons vigoureusement au succès de l’EXPO 2025 Osaka-Kansaï et de l’Exposition Internationale Horticole 2027 Yokohama.
S’agissant de la sûreté des rejets en mer de l’eau traitée par ALPS, nous continuerons de collaborer étroitement avec l’AIEA et de fournir des informations détaillées tant au niveau national qu’international avec un haut degré de transparence et sur la base de preuves scientifiques.
Relations avec les États voisins
Afin de maintenir la paix et la prospérité au Japon et dans le reste de la région, nous établirons des relations stables avec nos voisins pour attaquer de front nos problématiques complexes.
Faisant suite à la rencontre au sommet Japon – Chine de novembre dernier, je me suis également entretenue lors d’une réunion ministérielle avec mon homologue chinois WANG Yi.
Si la Chine et le Japon recèlent de nombreux potentiels, ils entretiennent également divers enjeux et problématiques comme les tentatives unilatérales de modifier le statu quo autour des îles Senkaku ainsi que dans les mers de Chine orientale et méridionale ou encore la série d’opérations militaires autour du territoire japonais, certaines en coordination avec la Russie. De même, il est important de maintenir la paix et la stabilité le long du détroit de Taïwan. Nous sommes aussi très inquiets de la situation des droits de l’homme en Chine ainsi que de la situation à Hong-Kong.
Dans le même temps, le Japon et la Chine ont tous deux une responsabilité importante vis-à-vis de la paix et la stabilité régionales et internationales. Tout en développant pleinement avec la Chine une « relation mutuellement bénéfique fondée sur des intérêts stratégiques communs », nous revendiquerons ce qui doit l’être et insisterons pour qu’elle agisse de manière responsable. Il est essentiel que le Japon et la Chine travaillent ensemble à l’édification d’une « relation constructive et stable entre les deux pays », où ils veillent à multiplier les discussions, y compris sur les questions laissées en suspens, et coopèrent sur des défis communs.
Dans ce contexte, nous continuerons de demander à la Chine de lever sans attendre ses restrictions aux importations de produits alimentaires japonais.
Nous multiplierons les échanges suivis à différents niveaux avec cet important voisin qu’est la République de Corée (Corée du Sud), afin d’élargir le champ de nos coopérations et d’œuvrer en qualité de partenaires à l’instauration d’une nouvelle ère de nos relations bilatérales.
Compte tenu de l’environnement sécuritaire tendu en Indopacifique, une coopération étroite entre nos deux pays est plus nécessaire que jamais. Maintenant que nos relations connaissent une amélioration, nous renforcerons aussi davantage nos collaborations relatives aux enjeux globaux.
Concernant Takeshima, la réponse du Japon reste inchangée et se fonde sur la position essentielle que cet archipel fait partie intégrante du territoire japonais tant du point de vue de la réalité historique que du droit international.
Dans une perspective générale, la coopération trilatérale entre le Japon, la Chine et la Corée du Sud est importante pour la paix et la stabilité régionales voire internationales. Forts des discussions menées lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères de novembre dernier, nous soutiendrons les initiatives de la présidence pour l’organisation rapide et au moment le plus opportun d’un sommet trilatéral.
S’agissant de la Russie, nous maintiendrons une réponse qui garantisse les intérêts nationaux du Japon. Les relations nippo – russes demeurent compliquées du fait de l’agression russe contre l’Ukraine, mais le Gouvernement du Japon reste attaché à sa volonté politique de résoudre la question des Territoires du Nord et de signer un traité de paix.
Sur les sujets nécessitant une réponse du Japon et de la Russie du fait de leur proximité géographique, à l’instar des activités économiques comme la pêche ou des problématiques liées à la sécurité maritime, le Japon usera de tout son appareil diplomatique pour apporter des réponses appropriées dans l’optique de garantir nos intérêts nationaux.
La reprise des programmes d’échanges dans les quatre îles composant les Territoires du Nord constitue l’une des priorités majeures de nos relations bilatérales. Nous continuerons de réclamer la reprise de ces programmes en insistant désormais tout particulièrement sur les visites de recueillement sur les tombes des anciens résidents japonais.
La Corée du Nord a clairement signifié sa volonté d’intensifier ses activités nucléaires et balistiques. Nous ne devons en aucune façon tolérer des actes tels que les lancements de missiles balistiques, qui constituent une violation des résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies. Nous sommes également inquiets du renforcement de la coopération militaire entre la Russie et la Corée du Nord. Le Japon continuera donc de collaborer avec la communauté internationale, notamment dans un cadre bilatéral Japon – États-Unis et trilatéral Japon – États-Unis – Corée du Sud.
Le Japon entend normaliser ses relations diplomatiques avec la Corée du Nord en résolvant de manière exhaustive les problématiques liées aux enlèvements ainsi qu’à son programme nucléaire et balistique sur la base de la Déclaration de Pyongyang (Japan-DPRK Pyongyang Declaration) et en réglant notre « passé malheureux ».
Avec le vieillissement des familles des personnes enlevées, cette question humanitaire est limitée dans le temps et ne saurait souffrir aucun retard. Nous ne limiterons aucun effort pour permettre le retour le plus rapide au Japon de toutes les victimes des enlèvements.
Coopération relative aux enjeux globaux
Nous sommes confrontés à une pléthore d’enjeux qui nous concernent tous comme le changement climatique, les questions environnementales, les problématiques alimentaires et énergétiques, la santé mondiale, la question démographique, le problème des réfugiés ou encore l’utilisation durable des espaces marins.
Pour répondre à ces enjeux, les missions premières des Nations Unies revêtent une importance accrue. Nous devons donc travailler à un renforcement des fonctions onusiennes, comme la réforme du Conseil de sécurité. Le Japon entend également mener des discussions dynamiques sur ces thématiques majeures en mars, quand il assurera la présidence du Conseil.
En septembre prochain, les Nations Unies organiseront le Sommet de l’avenir (Summit of the Future), qui sera l’occasion de revenir au principe fondamental de « dignité humaine » et d’initier une « coopération internationale centrée sur l’Homme » reposant sur le principe de sécurité humaine. Nous contribuerons activement aux initiatives internationales visant à la réalisation intégrale des Objectifs de développement durable d’ici 2030. De même, nous favoriserons les mesures permettant aux personnels japonais de jouer un rôle accru au sein des organisations internationales.
L’année 2024 célébrant les « 70 ans de la coopération internationale japonaise », nous saisirons cette occasion pour communiquer activement sur le sens profond et les perspectives de notre APD, l’un de nos outils diplomatiques les plus importants, et en approfondir la compréhension du public.
Parallèlement à cela, nous agirons en faveur de la réalisation d’un monde sans armes nucléaires, d’une diplomatie des droits de l'homme fidèle à nos principes, de la construction de la paix ou encore de la lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée.
Nous poursuivrons et renforcerons les actions réalistes et effectives en matière de désarmement et de non-prolifération nucléaires en mettant en place chacune des mesures du plan d’action de Hiroshima (Hiroshima Action Plan).
De nouvelles possibilités pour la diplomatie japonaise
En plus de ces initiatives, le Japon entend créer de nouvelles possibilités pour sa diplomatie.
Maintenant que les coopérations interétatiques sont devenues plus difficiles à mettre en place, nous devons développer les actions impliquant de nombreux acteurs, dont les adolescents, et émancipées des barrières comme les frontières nationales et territoriales ou le genre. Nous renforcerons aussi notre action au Japon même, en associant à notre action diplomatique les échanges avec les ambassadeurs étrangers en poste à Tôkyô. Nous continuerons ainsi d’accorder toute notre attention à ces initiatives de « diplomatie de rayonnement (outreach diplomacy) ».
Nous ferons pleinement usage de notre soft power, comme les attraits offerts par la culture, les sciences et la technologie japonaises.
Nous encouragerons une meilleure compréhension du Japon et favoriserons la communication stratégique à destination des autres pays, y compris à travers le Partenariat pour co-créer un avenir avec la prochaine génération (Partnership to Co-Create a Future with the Next Generation : WA Project 2.0) présenté lors du sommet spécial célébrant les 50 ans de l’amitié et de la coopération ASEAN – Japon. Nous continuerons de remplir notre rôle en vue de l’inscription sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO des mines d’or de l’île de Sado en menant des discussions approfondies avec les pays concernés.
En outre, nous renforcerons nos liens avec les communautés nikkei (immigrés et descendants d’immigrés japonais) du monde entier.
« Les individus sont la clé de la diplomatie ». Afin d’assurer la réalisation efficiente des actions citées précédemment, il est indispensable de renforcer l’organisation de notre machine diplomatique.
Nous procéderons à un renforcement drastique de notre réseau diplomatique et consulaire à travers notamment l’amélioration de l’environnement professionnel et le renforcement des conditions de vie de nos agents à l’étranger, le renforcement de notre organisation fonctionnelle, la consolidation de l’assise financière ou encore la poursuite de la transformation numérique (DX) et d’une réforme de la gestion du travail.
Pour permettre une réaction rapide et souple lors des situations d’urgence, avec en premier lieu la protection des ressortissants japonais, nous poursuivrons la résilience de nos missions diplomatiques et consulaires et développerons les structures de gestion de crise, y compris sur le plan fonctionnel.
Conclusion
Cette année verra l’organisation d’élections importantes dans différentes parties du monde, impliquant un bouleversement de la situation internationale. Dans ce contexte, le Japon compte accueillir plusieurs rencontres internationales importantes comme le 10e Sommet des dirigeants des îles du Pacifique ou la réunion ministérielle de la TICAD. Il renforcera également ses liens avec les pays d’Amérique latine et des Caraïbes, le Brésil assurant la présidence du G20 et le Pérou celle de l’APEC en 2024.
Je suis consciente de la haute estime et des grandes attentes que la communauté internationale place dans le Japon, par le statut de nation pacifique qu’il a érigé au cours des quelques 80 années depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Afin de répondre à cette confiance et ces attentes, je continuerai de me dépasser cette année encore en prêtant attention aux voix de nos concitoyens et en m’efforçant d’obtenir leur compréhension et leur soutien.
Mesdames et Messieurs les parlementaires. Chers concitoyens. Je compte sur votre compréhension et votre soutien continu.
Traduction provisoire et purement informative
Article original (en japonais)
Article original (en anglais)