Discours de politique générale du Premier ministre ISHIBA à l’occasion de la 214e session parlementaire

2024/10/4
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III – Protéger le Japon
  1. Diplomatie, sécurité et défense
     Je protégerai le Japon d’un environnement sécuritaire en pleine mutation. L’agression de l’Ukraine par la Russie, membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies, se poursuit et les combats continuent de faire rage. L’Ukraine d’aujourd’hui pourrait être l’Asie de l’Est de demain. Nombreux sont ceux et celles qui ressentent cette inquiétude. Je me demande bien pourquoi la dissuasion n'avait pas fonctionné pour l’Ukraine. Sans oublier la situation au Moyen-Orient, les divisions et les dissensions ne cessent de progresser dans la communauté internationale.
     Face à une telle situation, je déploierai une diplomatie qui tienne compte de l’intérêt national du Japon pour augmenter le nombre de nos alliés et des pays affinitaires sur la base de l’Alliance nippo-américaine et je renforcerai de manière équilibrée les capacités diplomatiques et sécuritaires du Japon, assurant ainsi la paix au niveau national et la stabilité au niveau régional. Pour ce faire, conformément à la vision d’un « Indopacifique libre et ouvert », je resterai fidèle à l’ordre international fondé sur l’État de droit et dirigerai les initiatives destinées à garantir davantage la paix et la stabilité régionales.
     L’Alliance nippo-américaine est le pilier de la politique étrangère et de la sécurité du Japon, et le fondement de la paix et de la prospérité dans la région indopacifique comme au sein de la communauté internationale. Il conviendra donc avant tout de renforcer davantage les capacités de dissuasion et de réactivité de cette alliance. En plus de cela, j’œuvrerai à un renforcement de nos collaborations avec les pays affinitaires du Japon. Je me suis entretenu ces derniers jours par téléphone avec le Président américain BIDEN, ainsi qu’avec les dirigeants de Corée du Sud, d’Australie et de membres du G7.
     Devant l’environnement stratégique actuel, il est essentiel que le Japon et la Corée du Sud collaborent étroitement pour leur intérêt mutuel. Malgré les sujets sensibles qui existent entre nos deux pays, dans la perspective de la célébration l’année prochaine des soixante ans de la normalisation de nos relations, je m’appuierai sur la relation de confiance établie entre le Premier ministre KISHIDA et le Président YOON pour affermir et élargir davantage la coopération entre nos deux pays. De même, je travaillerai à rendre plus étroite la collaboration trilatérale entre le Japon, les États-Unis et la Corée du Sud.
     Concernant la Chine, je promouvrai de manière exhaustive une « relation mutuellement bénéfique fondée sur des intérêts stratégiques communs » et multiplierai les échanges à tous les niveaux. De son côté, la Chine accentue jour après jour ses tentatives unilatérales pour modifier le statu quo par la force en mers de Chine orientale et méridionale. Le mois dernier, une tragédie effroyable s’est produite qui a vu l’agression fatale d’un enfant japonais. C’est là un fait que nous ne pouvons ignorer. Tant en revendiquant ce qui doit l’être pour le Japon et en exhortant la Chine à avoir une attitude responsable, j’œuvrerai pour dialoguer sur de nombreux sujets sensibles et pour coopérer sur les problématiques communes, afin que nous travaillions ensemble à bâtir une « relation constructive et stable ». Je favoriserai également le développement du cadre de la coopération trilatérale entre le Japon, la Chine et la Corée du Sud.
     Alors que les personnes enlevées [par la Corée du Nord] et leurs familles deviennent de plus en plus âgées, la question des enlèvements constitue un dossier humanitaire et temporel ne souffrant aucun délai, ainsi qu’une atteinte à la souveraineté nationale du Japon. C’est donc le dossier le plus important de mon gouvernement. Plus de vingt ans après la Déclaration de Pyongyang [de septembre 2002], il m’est particulièrement douloureux que les personnes enlevées demeurant [en Corée du Nord] ne soient toujours pas rentrées chez elles.
     En revenant aux principes de la Déclaration de Pyongyang, je suis fermement déterminé à faire tout mon possible pour obtenir au plus tôt le retour au pays de toutes les personnes enlevées et résoudre les différents contentieux avec la Corée du Nord.
     Je maintiendrai notre soutien aux sanctions contre la Russie et aux aides à l’Ukraine. Les relations entre le Japon et la Russie continuent d’être difficiles, mais le Japon maintiendra fermement sa politique visant à parvenir à un accord de paix et à résoudre la question des Territoires du Nord.
     Je continuerai d’œuvrer en faveur d’une collaboration renforcée avec l’ASEAN. Je favoriserai le renforcement des échanges avec le « Sud global (Global South) », ainsi que les initiatives relatives aux défis globaux comme le désarmement et la non-prolifération nucléaires ou le changement climatique. De même, je ferai mon maximum pour garantir la sécurité de nos ressortissants à l’étranger.
     Le Japon est désormais confronté à l’environnement sécuritaire le plus complexe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il a connu une série de violations de son espace aérien par la Chine et la Russie. Ces faits constituent une grave violation de sa souveraineté nationale. La Corée du Nord poursuit quant à elle le développement de son programme nucléaire et balistique, multipliant notamment ces dernières années ses essais de missiles balistiques à une fréquence encore jamais vue, et poursuivant le développement d’un missile de longue portée capable d’atteindre les États-Unis. Ces actions contreviennent aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies, et menacent la paix et la sécurité du Japon, mais également de la région voire de l’ensemble de la communauté internationale. Face à ce contexte, il est indéniable que le Japon doit mener un renforcement drastique de ses propres capacités de défense, en accord avec notamment sa stratégie de sécurité nationale.
     Les personnels des Forces d’autodéfense du Japon (FAD) sont l’élément principal sur lequel repose nos capacités de défense. Quels que soient les équipements dont nous nous munissons, il est indispensable que nous renforcions les ressources humaines pour pleinement déployer nos capacités de défense. J’ai décidé de mettre en place une réunion ministérielle placée sous mon autorité afin d’améliorer les conditions de vie et de travail ainsi que les traitements des personnels des FAD qui assurent l’indépendance et la paix du Japon, dont je présenterai rapidement les orientations ainsi que le projet définitif.
     Je n’oublierai jamais qu'Okinawa a été le théâtre de la plus grande bataille terrestre de l’archipel japonais lors de la précédente Guerre mondiale, ni les nombreuses victimes civiles de ce département qui en ont résulté, ni les vingt-sept années après la fin de la Seconde Guerre mondiale durant lesquelles Okinawa est resté sous administration américaine. Je poursuivrai donc les efforts en vue de réduire la charge que représentent les bases [des forces américaines à Okinawa]. Pour assurer un stationnement stable des forces armées américaines basées au Japon (USFJ), il est essentiel d’obtenir la compréhension et le soutien de la population, y compris au niveau local. Dans l’optique d’une restitution intégrale le plus rapidement possible de la base aérienne de Futenma, je poursuivrai les opérations de son transfert sur le site d’Henoko. En outre, [Okinawa] est encore aujourd’hui le dernier département du Japon en termes de revenu par habitant et est confronté à des problématiques comme la pauvreté infantile. Les fruits du développement d’Okinawa se répercutent-ils suffisamment dans le département ? Et sont-ils vraiment tangibles ? Je poursuivrai donc les aides nécessaires au renforcement de l’économie d’Okinawa en tenant compte des aspirations de sa population.

 

Traduction provisoire et purement informative
Article original (en japonais)