Bourse d'études et de de recherche - Voix d'anciens boursiers
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M. Tony CABUS Séjour au Japon : d'octobre 2009 à octobre 2011 |
Vivre au Japon était un rêve pour moi alors quand j’ai appris qu’il existait une bourse telle que le MEXT, je n’ai pas hésité. La procédure prit du temps et beaucoup de papiers mais l’ambassade aida beaucoup pour répondre aux questions. Après avoir été accepté pour la bourse, il me fallut trouver un superviseur et une université dans laquelle poursuivre mon doctorat. Ayant effectué un échange auparavant à l’université de Kobe, il fut tout naturel pour moi d’y candidater. Je pris alors contact avec un professeur de droit international avec lequel j’entrepris d’élaborer un projet de thèse sur le droit de la mer et la responsabilité des Etats pour atteinte à l’environnement marin. Cela étant fait, il ne me fallait plus qu’obtenir un bon score au TOEFL pour être accepté en tant que doctorant au département de droit international de la faculté de coopération internationale (GSICS) de l’université de Kobe.
Mon séjour de trois ans et demi commença donc en 2017 à Kobe dans la région centrale du Kansai. L’accueil fut parfait. L’université de Kobe attribue à chaque étudiant étranger un tuteur afin de nous aider dans les démarches universitaires et administratives telles que l’enregistrement auprès de la mairie, l’obtention d’une assurance, etc. Pour ce qui est du logement, une chambre dans une résidence universitaire me fut proposée pour les six premiers mois du séjour à la suite desquels je dus louer un appartement par mes propres moyens pour le reste du séjour.
Heureusement, le montant du MEXT suffit pour louer un petit appartement tout en profitant du Japon. Profiter du Japon d’ailleurs, parlons-en ! La vie japonaise est très active. Shopping, karaoké, bowling, mini-golf, izakaya, bars…tout est accessible au Japon et l’on s’y retrouve très souvent entre amis. Le weekend, prendre le train pour aller visiter un temple ou une ville plus lointaine est tout ce qu’il y a de plus simple (même sans parler japonais) grâce au meilleur réseau ferré du monde. Cela pèse sur les finances mais la bourse n’est pas là pour faire des économies. Au contraire, elle devrait vous encourager à explorer ce si beau pays.
La vie sur le campus japonais fut pour moi une expérience bien différente de ce que j’ai pu vivre en France également. Le campus est en effet non seulement un lieu d’étude mais aussi un lieu de vie ! Le contact avec les professeurs est fréquent et bien souvent presque familier. Il n’est pas rare de dîner au restaurant avec sa classe et ses professeurs. Evidemment, la proximité des professeurs, notamment lorsqu’ils vous supervisent, peut être à double tranchant et les événements sociaux sont des moments propices pour l’étalage des différences culturelles. Il faut donc un certain temps d’adaptation avant de pouvoir se fondre dans une conversation. Heureusement, nous sommes rarement les seuls dans cette situation car de nombreux étudiants étrangers y prennent part également. En effet, mon séjour au Japon fut aussi l’occasion de me faire aussi des amis du monde entier. Du fait de la difficulté de la langue japonaise, beaucoup d’étrangers forment entre eux des communautés très soudées et solidaires où l’anglais est la langue primaire et où il est facile de s’intégrer.
Pour ma part, j’eus la chance de me faire de très bons amis à la fois japonais et étrangers. Cela me fut précieux lors du doctorat qui est une expérience souvent stressante. En effet, écrire une thèse est déjà difficile et il faut ajouter à cela la pression du temps. La bourse du MEXT n’étant pas extensible, le doctorat doit donc être terminé dans les trois années imparties. Evidemment, il est possible de prendre plus de temps mais le séjour ne sera dès lors plus financé par le MEXT. Dans mon cas, l’université de Kobe fut extrêmement utile pour finir à temps grâce à son immense bibliothèque et sa facilité pour acquérir de nouveaux ouvrages, son accès à de nombreuses bases de données électroniques et, bien sûr, la serviabilité de son personnel. La facilité d’accès aux professeurs (y compris des professeurs étrangers de passage à Kobe) et les nombreuses opportunités que j’ai eues de présenter mon travail sur le droit de la mer lors de séminaires furent aussi des occasions précieuses d’améliorer la qualité de ma thèse. Celle-ci fut ainsi rendue en juin 2020 et en septembre le doctorat me fut remis. Grâce à lui et au parcours atypique que caractérise un diplôme japonais, j’ai pu obtenir dès 2021 un poste dans une université allemande où l’on me questionne très régulièrement sur la vie au Japon !
En rétrospective, je ne regrette absolument pas d’être parti trois ans au Japon avec le MEXT. Au contraire, j’y retournerais sans hésiter si l’opportunité se représentait.
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Mme Myriam AKIAN Séjour au Japon : de septembre 2018 à mai 2020 |
Je suis actuellement doctorante à l’université Paris Cité, à l’Ecole Doctorale 131, et au CRCAO. Je suis spécialisée sur l’archéologie japonaise et plus particulièrement sur les liens entretenus entre archéologie et société. Après des licences d’histoire, de philosophie, d’archéologie et de japonais, et un premier master d’archéologie à l’université Paris IV-Sorbonne s’intéressant aux sites d’habitats de la période Kofun au Japon, puis un second master d’études japonaises à l’université Paris Diderot s’intéressant au mouvement de protection du site archéologique de Mukibanda dans le département de Tottori, ma recherche doctorale prend désormais pour objet d’enquête et de réflexion les mouvements de protection et de valorisation des sites archéologiques au Japon qui émergent et se développent de la fin de la Seconde Guerre mondiale à aujourd’hui, au regard notamment de l’histoire de l’archéologie et des questions de mémoire(s) et de patrimonialisation.
Si mon profil peut paraître très pluridisciplinaire et sinueux, mon projet depuis le lycée a toujours été de me spécialiser dans la recherche sur l’archéologie japonaise. C’est donc dans cette optique et pour ce projet mûrement réfléchi et patiemment bâti que je me suis lancée dès 2017, avant même mon entrée officielle en doctorat et après discussions avec mes deux directeurs de thèse pressentis, dans une candidature pour la bourse de recherche du MEXT, ceci afin de pouvoir assurer et financer un terrain de recherche prolongé au Japon pour mes recherches doctorales.
Les bourses de recherche du MEXT demandent un long temps de préparation (il faut prévoir plus d’un an et demi avant la date de départ pour le Japon) et leur obtention est conditionnée à la réussite de nombreuses étapes de sélection (constitution d'un dossier, double test écrit d’anglais et japonais, entretien devant un jury de spécialistes en japonais et en français, etc.) qui se prolongent ensuite par la recherche d’un professeur référent et d’une université d’accueil au Japon. Cependant, une fois obtenues, ces bourses sont d'une grande aide puisqu'elles comprennent un aller-retour France-Japon et octroient une bourse mensuelle non négligeable de plus de 1.000 € durant tout le séjour au Japon ainsi qu'un visa de séjour de 18 mois à 2 ans. Elles sont, qui plus est, peu contraignantes puisque seulement conditionnées à l’intégration d’une université japonaise pendant le temps du séjour. Pour les étudiants menant des recherches sur le Japon, c'est une piste de financement très intéressante et salutaire.
La bourse de recherche du MEXT m’a permis de réaliser un long terrain de recherche au Japon de septembre 2018 à mai 2020, un temps long qui m’a paru passer à la vitesse de la lumière tellement mon séjour à Tôdai, ma vie à Tokyo, mes séjours sur mes différents terrains de recherche (Tottori, Osaka, Saga, Nagasaki, Okayama, etc.), la constitution et l’approfondissement de mes réseaux de recherche, de mes amitiés et de la découverte du pays ont été sources de richesses, expériences et rencontres humaines et intellectuelles formidables pour moi. Elle m’a permis, en effet, de conjoindre collecte de données sur le terrain et enrichissement et approfondissements théoriques, méthodologiques et conceptuels dans mon université d’accueil, et de pouvoir commencer à me construire un réseau de chercheurs, d’acteurs mais aussi d’amis au Japon.
Ce séjour faisait suite à un premier séjour d’échange universitaire de 8 mois de septembre 2017 à avril 2018 au sein de la même université de Tôdai et du même département de recherche du Bunka Shigengaku et auprès du même professeur référent. Cet échange universitaire d’un semestre au Japon m’avait permis de réaliser un premier terrain pour mon mémoire de Master, mais aussi de commencer à poser les bases de mon second séjour avec la bourse du MEXT puisque les deux séjours n’étaient séparés seulement que d’un semestre. A mon retour au Japon en septembre 2018 avec la bourse du MEXT, j’arrivais donc cette fois-ci en terrain bien connu et auprès de gens que j’appréciais et estimais beaucoup, qui m’avaient déjà complétement acceptée et intégrée au département et avaient déjà été d’une grande aide pour moi lors de mon premier séjour. Cette succession très rapprochée de mes séjours au Japon et ce choix délibéré de revenir dans la même université, le même département et sous la guidance du même professeur référent ont été un atout majeur pour le succès de mon intégration au département, à la vie du campus et celle de l’université, mais aussi pour l’approfondissement de mes recherches doctorales, la prise de contact avec les acteurs sur mes terrains et les réseaux d’archéologues et la mise en place de mes nombreux terrains de recherche un peu partout au Japon.
Les maîtres-mots ici me semblent donc finalement être : organisation, anticipation, préparation, mais aussi concertation avec son directeur de recherche car, si la bourse de recherche du MEXT est une chance sans pareil pour réaliser un séjour et un terrain de recherche de longue durée au Japon, c’est aussi un projet de longue haleine qu’il faut bâtir et anticiper longtemps à l’avance.